MÉANDRE : chronique

25-05-2021 - 16:55 - Par

MÉANDRE : chronique

Après le post-apo HOSTILE, MÉANDRE marque un changement dans la continuité pour Mathieu Turi, qui confirme tout son talent.

 

Mathieu Turi a de la suite dans les idées. HOSTILE, son premier long, mettait en scène une jeune femme qui, dans un monde post-apocalyptique, se retrouvait confinée à ciel ouvert dans la carcasse d’une voiture, un monstre invisible rôdant alentour. MÉANDRE organise également l’enfermement d’une jeune femme mais cette fois dans un labyrinthe de tuyaux dans lequel elle se réveille sans rien en savoir. Où est-elle ? Qui l’a mise là ? Une chose est sûre : elle va devoir avancer et déjouer les pièges mortels, voire combattre les monstres qui hantent les lieux… Ne pas croire pour autant que le jeune réalisateur français tombe dans la redite : en dépit de ces quelques similitudes visibles et d’une thématique centrale commune – le deuil et la confrontation à un passé traumatique –, les deux films apparaissent au final assez différents. À commencer par la construction narrative : en flashbacks dévoilant peu à peu une vue d’ensemble dans HOSTILE ; beaucoup plus linéaire et directe dans MÉANDRE. Aussi, HOSTILE, même s’il se déroulait dans un futur post-apocalyptique, se révélait finalement plus concret et quotidien que MÉANDRE qui, lui, construit avec maîtrise une sorte d’abstraction. Sans repères comme la protagoniste, le spectateur ne peut que se laisser guider par le récit et la vision imposée par le cinéaste. Un parti-pris risqué, potentielle source de frustration, qui constitue pourtant l’une des idées les plus puissantes du film : le spectateur et l’héroïne se retrouvent engagés dans un même nécessaire mouvement de lâcher-prise. Le premier doit accepter le mystère qui entoure une part du récit et, par ricochet, d’être éventuellement déçu par son hypothétique résolution. La seconde n’a d’autre choix que d’affronter ce que le labyrinthe met sur sa route et doit se transcender, physiquement et mentalement, pour espérer en sortir. Conceptuel, MÉANDRE l’est, évidemment. D’autant qu’il s’appuie sur un récit qui assume sa progression héritée du jeu vidéo (Mathieu Turi est gamer), sorte de chemin de croix allégorique. Mais il se sert au final de ces mécaniques pour construire un divertissement tout en efficacité et pour imposer sa singularité. De mise en scène, notamment. Avec un découpage ultra-précis qui évite les plans faciles ou attendus, ainsi qu’un travail remarquable sur le son et la lumière, MÉANDRE affiche une vitalité esthétique qui relance constamment l’intérêt narratif et impose sans absolutisme ses effets gore. Que cette tension à couper le souffle aboutisse à une jolie décharge émotionnelle et poétique n’est pas le moindre de ses mérites.

De Mathieu Turi. Avec Gaia Weiss, Peter Franzen, Frédéric Franchitti. France. 1h30. En salles le 26 mai

4Etoiles

 

 

 

 

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