PLAYLIST : chronique

Quelque part entre FRANCES HA et GHOST WORLD, du cinéma cru et rigolo, qui chasse la mélancolie et les sales types.

 

Quand on appelle son film PLAYLIST, on mise tout sur l’énergie. C’est réussi ! Nine Antico, autrice appréciée de bandes-dessinées, compose avec son premier long-métrage, un film furieux et joyeusement chaotique, qui saisit un moment de passage à vide avec la tendresse d’un souvenir. Serveuse, Sophie (Sara Forestier, très juste) crayonne et rêve de faire de ses dessins son métier. Alors, elle prend sa vie en main et pourtant tout lui échappe. Sujet banal au fond, que la réalisatrice drape d’une esthétique Noir & Blanc et d’une ironie joueuse, qui rendent cette ultra moderne solitude irrésistiblement attachante. Aidé par la voix grave de Bertrand Belin, le film prend constamment du recul, s’interroge avec tendresse sur nos impasses personnelles et amoureuses, rit d’une brochette de mâles banals pour lesquels l’héroïne tombe à chaque fois (formidable ribambelle de garçons médiocres) et transfigure l’ennui d’une époque, sa trivialité en une épopée intime tordante hyper contemporaine (des punaises de lits aux jobs sans but). Et puis il y a Laetitia Dosch en meilleure copine apprentie comédienne qui sème sur son passage une fantaisie, une gravité, une poésie folles. Charmant et rugueux comme les premiers films de Noah Baumbach, PLAYLIST manque peut-être parfois d’un tour de vis de scénario, s’étire un peu sans savoir vraiment où aller. La contrepartie d’un cinéma joueur qui se faufile comme un courant d’air pour nous rafraîchir les idées.

De Nine Antico. Avec Sara Forestier, Laetitia Dosch, Pierre Lotin. France. 1h25. En salles le 2 juin