BILLIE HOLIDAY, UNE AFFAIRE D’ÉTAT : chronique

01-06-2021 - 20:22 - Par

BILLIE HOLIDAY, UNE AFFAIRE D’ÉTAT : chronique

La performance habitée d’Andra Day fait tout l’intérêt de ce témoignage historique et musical.

 

Elle aimait les hommes, les femmes et la drogue. Plus que tout, elle aimait le jazz, à qui elle offrait sa voix si suave. Mais dès qu’elle entonnait « Strange Fruit », chanson sur le lynchage des Noirs détonnant dans un répertoire romantique, elle n’était plus l’artiste acclamée des bourgeois et des mélomanes en tout genre, elle redevenait l’agitatrice, l’activiste, qui dérangeait le FBI. Figure de puissance et de liberté, Billie Holiday, endossée comme une seconde peau par Andra Day, va être d’une part rongée par ses démons et de l’autre, traquée par les autorités. Le réalisateur Lee Daniels n’a pas dompté son goût pour le rococo et le bling et offre à son héroïne un écrin de luxure, avec ses couleurs excessives et ses halos de soap. Derrière l’écran de fumée un peu vulgaire, le film épate par ses quelques coups d’éclat de mise en scène et de drôles d’images mutantes. Moins intéressant quand il ressasse l’enfance de Billie Holiday que lorsqu’il laisse éclater la peine et l’engagement politique derrière un mode de vie luxueux et frivole, BILLIE HOLIDAY, UNE AFFAIRE D’ÉTAT pâtit de vouloir marier de force (et sur une durée excessive) la banale biographie, la photographie d’une époque et une histoire d’amour superflue. Reste le récit, jamais traité pour le grand public, de la traque d’une femme d’opinion par une meute de justiciers-voyous, résonnant à bien des égards avec les vents réactionnaires d’aujourd’hui.

De Lee Daniels. Avec Andra Day, Trevante Rhodes, Garrett Hedlund. États-Unis. 2h10. En salles le 2 juin

3Etoiles

 

 

 

 

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