UN PRINTEMPS À HONG KONG : chronique

09-06-2021 - 09:13 - Par

UN PRINTEMPS À HONG KONG : chronique

L’histoire d’amour caché de deux sexagénaires à Hong Kong. Sous le calme apparent, les larmes d’une vie gâchée.

 

Quand le cinéma met l’homosexualité au centre, c’est souvent pour traiter du coming out. Une façon de raconter l’affirmation de soi, la violence des autres et la manière de s’en libérer. UN PRINTEMPS A HONG KONG raconte lui l’envers. Le secret, l’enfermement, ce fameux « placard » qu’on désigne vulgairement comme un choix. À travers la rencontre entre deux hommes âgés, Ray Yeung raconte l’impossibilité d’être qui l’on est dans une société où l’homosexualité est encore un tabou majeur. Pak et Hoi sont à la fin de leur vie, une vie qu’ils ont passé à jouer les maris, les pères, une vie à se mettre entre parenthèse pour être « convenable ». Lors d’une rencontre dans un parc, les deux hommes vont entamer une romance secrète, pudique, à l’abri des regards. Intelligemment, la mise en scène de Ray Yeung banalise ces deux corps, capture leur rencontre, discussion de loin, comme si ces deux hommes n’étaient même pas des héros. Mais dès lors que la porte se referme sur le monde, la caméra les frôle, se rapproche d’eux, de leurs sentiments, de leurs étreintes. Un feu doux, mélancolique tandis que le poids des enfants et de la société les rappelle constamment à l’ordre, au silence. D’apparence aride, UN PRINTEMPS À HONG KONG séduit par sa douceur, sa délicatesse et sa façon de ne jamais céder au drame. L’émotion n’en est alors que plus ténue. L’amour filmé ici comme le rêve d’un temps à deux, d’un temps pour soi.

De Ray Yeung. Avec Tai-Bo, Ben Yuen, Patra Au. Hong Kong. 1h32. En salles le 09 juin

3Etoiles

 

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.