LE DISCOURS : chronique

Taillée pour le succès, une adaptation à la lettre plutôt élégante du roman tordant de Fabcaro. Avec un excellent Benjamin Lavernhe.

 

Depuis « Zaï zaï zaï zaï » (bientôt adapté au cinéma), Fabcaro connaît une popularité méritée. Adepte d’un humour absurde et à froid, l’auteur-dessinateur a construit un univers tordu et rigolard, qui chope par la dérision nos angoisses. Ce « Discours » ou le monologue intérieur d’un trentenaire fraîchement largué, coincé à un dîner de famille, à qui l’on demande soudain de faire un discours au futur mariage de sa sœur, en est le meilleur exemple. Laurent Tirard qu’on avait découvert à l’aise dans la comédie existentielle avec MENSONGES ET TRAHISONS ET PLUS SI AFFINITÉS… réussit une adaptation sans faute, car intelligemment fidèle à l’écriture et l’univers de Fabcaro. Vrai-faux huis clos, le film s’empare des échappées mentales de son héros, de ses décrochages et digressions personnelles avec de petits tours de passe-passe cinématographique ludiques. En assumant avec inventivité l’artificialité de ce cinéma, il renoue avec la grande veine comique du cinéma américain des 60’s (Billy Wilder, Blake Edwards). Il a pour Peter Sellers / Tom Ewell l’excellent Benjamin Lavernhe, formidable acteur miroir auquel on s’identifie immédiatement, qui donne à ce héros banal une touche d’humanité. Bien entouré d’un casting efficace et rassurant (François Morel, Sara Giraudeau en tête), le film réussit un sans-faute entre comédie et ironie – qui, si on a lu l’ouvrage, manque forcément de surprise.

De Laurent Tirard. Avec Benjamin Lavernhe, Sara Giraudeau, Kyan Khojandi. France. 1h28. En salles le 09 juin