17 BLOCKS : chronique

La vie d’une famille afro-américaine documentée pendant 20 ans par des vidéos personnelles. Plus fort que n’importe quelle fiction.

 

Quand le jeune Davy Rothbart emménage à Washington en 1999, à quelques blocs du Capitole, il se lie d’amitié avec la famille Sandford. Il prête son caméscope au plus jeune, Emmanuel, qui se met à filmer son quartier, son quotidien. Déjà politique en soi, le document va devenir d’autant plus important que la tragédie frappe les Sandford. Une tragédie comme en traversent tant d’autres Afro-américains de ce quartier difficile. Davy Rothbart est, entre-temps, devenu journaliste. À l’époque, il n’était qu’un gamin qui voulait aider Emmanuel à s’exprimer sur la violence en bas de chez lui. Vingt ans plus tard, ce spécialiste des portraits américains livre une grande saga. Mille heures de rushs sont montées et se déroule sous nos yeux l’inéluctable destin des Noirs américains, qu’aucune politique, volontaire ou pas, n’a jamais changé. Tous les clichés de la fiction US s’alignent sous nos yeux, laissant présager du drame, puis de la rédemption. On connaît trop bien ces ressorts dramatiques. Nous voilà pourtant témoins de la réalité en marche, de son ironie la plus cruelle. Et le dispositif documentaire laisse des décennies de fiction noire complètement exsangues. Davy Rothbart raconte l’Amérique pauvre, son combat, ses défaites, sans oublier ses victoires. Dans le climat politique actuel, c’est son hommage, très personnel, à tous les Noirs tombés « à 17 pâtés de maison » de la démocratie.

De Davy Rothbart. Documentaire. États-Unis. 1h35. En salles le 09 juin