L’UN DES NÔTRES : chronique

15-06-2021 - 17:32 - Par

L’UN DES NÔTRES : chronique

Diane Lane et Kevin Costner se retrouvent pour un étrange mais efficace « revenge western » aux purs accents d’Americana.

 

À l’apogée de sa carrière dans les années 90, l’aura de Kevin Costner en avait fait une sorte de réification d’une Amérique telle qu’elle s’imagine et que le monde la rêve – son esprit fort et juste, ses valeurs patriotiques mais humaines. L’acteur a récemment retrouvé cette image, teintée d’ambiguïté dans YELLOWSTONE, purement idéalisée dans MAN OF STEEL où il incarnait Pa Kent, père adoptif de Superman. Dans L’UN DES NÔTRES, il retrouve d’ailleurs Diane Lane qui, elle, campait Ma Kent dans MAN OF STEEL. C’est cette Amérique-là, plus symbolique et conceptuelle que met en scène le film de Thomas Bezucha, loin de tout réalisme ou de toute velléité sociopolitique. Ce parti-pris frappe dès les premières secondes, entre iconisation d’un cowboy éduquant un cheval et installation d’un décor très ‘norman-rockwellien’ et typique du mode de vie américain des 50’s. Ce décorum que d’aucuns trouveraient pré-fabriqué n’empêche pas Bezucha de caractériser efficacement ses personnages et leurs relations en quelques gestes, détails, silences ou répliques. Surtout que cette carte postale, il la bouscule rapidement : Margaret et George (Lane et Costner) perdent leur fils adoré dans un tragique accident. Trois ans plus tard, quand leur ex-bru se remarie avec un homme violent puis quitte la ville, le couple de retraités part sur les routes pour récupérer leur petit-fils… Bezucha fait preuve d’une assurance assez folle en embrassant sans ciller un cinéma profondément anachronique, baignant très volontairement dans un classicisme suranné à la limite du sentimentalisme – à la musique, Michael Giacchino joue le jeu. Entre belles images de grands espaces et interprétations solides, L’UN DES NÔTRES prend son temps et quelques chemins de traverse féconds – la rencontre du couple avec un beau personnage de jeune Amérindien qui ne trouve sa place ni dans sa communauté, ni dans l’Amérique blanche. Puis s’opère une bascule de ton, voire de genre, dont on n’anticipait pas la radicalité. Du mélo le récit passe au thriller, le destin de Margaret et George comme prêt à basculer à chaque instant. Apparaît alors Lesley Manville, impériale en Ma Dalton névrotique, qui élève une longue séquence de dîner en sommet de tension, jusqu’à ce que L’UN DES NÔTRES tombe ensuite dans la noirceur et la violence frontales, tendance inconfort. Il ne s’en relèvera pas tout à fait : son dernier acte maîtrise moins ses effets, peine à justifier la moralité absolutiste de ses héros, puis se perd dans des rebondissements plus faciles et déjà vus. Reste que, même inaboutie, la proposition reste appréciable.

De Thomas Bezucha. Avec Diane Lane, Kevin Costner, Lesley Manville. États-Unis. 1h55. En salles le 16 juin

3Etoiles

 

 

 

 

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