Cannes 2021 : A CHIARA / Critique

09-07-2021 - 10:35 - Par

Cannes 2021 : A CHIARA / Critique

De Jonas Carpignano. Quinzaine des Réalisateurs.

 

Troisième volet de la trilogie sur la Calabre de Jonas Carpignano, A CHIARA est surtout l’histoire de la chute brutale de l’innocence. 

Une bulle qui éclate. Celle de Chiara, 15 ans, jolie brune sportive au caractère bien affirmé, égocentrique, comme tous les ados, et donc imperméable au monde quand il ne tourne pas autour d’elle. Sauf au lendemain des 18 ans de sa sœur, lorsque leur père disparaît, qu’une voiture brûle devant chez eux et que tout le monde semble détenir un secret qu’elle ignore. Mais les réseaux sociaux vont plus vite que les histoires de famille et Chiara va bientôt tout comprendre… Après les réfugiés en colère de MEDITERRANEA et le jeune rom devenu adulte trop tôt de A CIAMBRA, Jonas Carpignano termine de faire dialoguer sa trilogie sur la ville de Gioia Tauro, avec un dernier élément inséparable de la Calabre, la mafia. Dans la lignée d’un GOMORRA ou du TRAÎTRE, le cinéaste filme une mafia fauchée, cachée, qui se drape dans le souvenir de ses belles années mais n’est plus que l’ombre d’elle-même. Jonas Carpignano n’est pas tant intéressé par ce que Chiara voit de la mafia que par son cheminement de pensée, de l’éclatement de sa bulle protectrice à la construction douloureuse de sa propre identité et de son choix final, à la fois destructeur et salutaire. La caméra de Carpignano devient alors le compagnon de voyage de la jeune fille. À la fois observatrice de son héroïne, pour tenter d’en traduire les pensées, et assesseure de son regard inquisiteur sur ce monde qui lui éclate au visage. Témoignage de la fin d’une naïveté, A CHIARA est un grand film sur les fantômes de ce(ux) qu’on a laissé. Pour pouvoir renaître. En mieux, peut-être.

De Jonas Carpignano. Avec Rosa Caccamo, Antonina Fumo, Carmela Fumo. Italie. Prochainement

 

AChiara 600

 
 

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