Cannes 2021 : LES HÉROÏQUES / Critique

12-07-2021 - 21:00 - Par

Cannes 2021 : LES HÉROÏQUES / Critique

De Maxime Roy. Sélection officielle, Séance spéciale.

 

Synopsis officiel : Michel est un éternel gamin qui ne rêve que de motos et traine avec son grand fils Léo et ses copains. À cinquante ans, il doit gérer le bébé qu’il vient d’avoir avec son ex, et se bat pour ne pas répéter les mêmes erreurs et être un mec bien.

Michel est un loser. Il n’a pas besoin de le dire, son blouson le fait pour lui, mais il le raconte quand même, dès l’ouverture. LES HEROÏQUES débute sur un plan fixe de ce quinquagénaire, maigre et échevelé, en pleine logorrhée où il exprime, dans un verlan anachronique, tout son chaos : sa bataille contre les addictions multiples, sa difficulté à joindre les deux bouts ainsi que l’angoisse de s’occuper seul de son fils nouveau-né qu’il a eu avec son ex-compagne. Un speech brut, sans respiration ou presque, comme le manifeste de ce que va être la suite du film, le portrait mi-docu, mi-mélo d’un homme-ado à la rébellion devenue pathétique. Ce n’est pas la première fois que le réalisateur Maxime Roy se frotte à ce personnage puisqu’il était au cœur de son court-métrage multi-récompensé BEAUTIFUL LOSER, sorti en 2018. Inspiré de la vie de son co-auteur et acteur principal, François Creton, LES HEROÏQUES suit le parcours assez balisé de cet homme meurtri qui tente de s’en sortir, échoue et se relève dans un style très naturaliste, de bon ton, mais pas très surprenant. À cette apparente convention, Maxime Roy oppose deux grandes forces qui font de lui un cinéaste à surveiller de près. Il y a d’abord cette capacité à savoir filmer le corps, le visage et le langage de son personnage, aussi accidentés que sa vie. À travers cette caméra, Michel devient l’incarnation d’un passé irrésolu, d’une génération déçue et perdue, qui a raté le coche, coincée dans un No Future démodé, voire toxique dans ses pires moments. Mais surtout, il y a cette tendresse, la même qui traversait déjà les courts-métrages du réalisateur. Maxime Roy aborde des sujets difficiles, à la noirceur palpable, mais ne se repaît jamais du malheur. Sur son anti-héros, il porte un regard implacable mais amène, qui agit comme une lumière dans la nuit. LES HEROÏQUES ne désespère jamais de son sujet et c’est peut-être ça qui le démarque le plus.

De Maxime Roy. Avec François Creton, Roméo Creton, Richard Bohringer. France. 1h39. En salles le 20 octobre

 

Heroiques2

Heroiques1

 

 

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