Cannes 2021 : DE BAS ÉTAGE / Critique

De Yassine Qnia. Quinzaine des Réalisateurs.

 

Polar rugueux, chronique sociale, drame, un premier film très maîtrisé porté par la force d’un acteur, Soufiane Guerrab.

DE BAS ÉTAGE s’ouvre sur le regard d’un homme, le visage d’un acteur. Et c’est déjà du cinéma. De sa voiture, au loin, Mehdi observe Sarah, jeune coiffeuse. Dans ce regard, dans ce plan, passe toute l’étrangeté de ce personnage, toute la tension, toute l’ambivalence et la force de ce premier film. Acteur passionnant, Soufiane Guerrab donne à ce regard, à Mehdi, un mélange de charme et de dangerosité, une force charismatique et une nervosité inquiétante, qui vont tendre tout le récit. Perceur de coffre la nuit mais aussi fils à maman, père et amoureux éconduit, ce personnage a tout d’un héros romanesque. Comme une sorte de DRIVE à Aubervilliers (les scènes de nuit, de braquage sont précises et d’une beauté minimaliste très réussie), DE BAS ÉTAGE va alors déconstruire petit à petit son personnage et le romantisme supposé de son amour, passionné mais en fait terrifiant, pour Sarah, son aspect chevaleresque de grand bandit parfaitement égoïste, en l’ancrant dans une réalité sociale, en le ramenant toujours au réel. La mise en scène de Yassine Qnia, tout en tension et en décrochages politiques, portée par la précision et le charisme de son acteur principal donne à ce portrait d’un homme toxique, d’un anti-héros ordinaire, une vraie force de cinéma. Un premier long qui donne envie d’en voir d’autres, un premier rôle qui donne envie de voir Soufiane Guerrab souvent sur grand écran.

De Yassine Qnia. Avec Soufiane Guerrab, Souheila Yacoub. France. 1h27