Cannes 2021 : GREAT FREEDOM / Critique

08-07-2021 - 13:00 - Par

Cannes 2021 : GREAT FREEDOM / Critique

De Sebastian Meise. Sélection officielle, Un Certain Regard.

 

En plus de nous ouvrir les yeux sur une abomination de l’Histoire, Sebastian Meise réalise un grand film sur l’ambiguïté d’une quête de liberté. 

Jusqu’à la fin des années 1960, existait en Allemagne le paragraphe 175. Ce dernier permettait à l’Etat de persécuter les homosexuels. Suite à la Seconde Guerre Mondiale, certains d’entre eux sont même directement passés du camp de concentration à la prison. C’est le cas de Hans Hoffmann dans GREAT FREEDOM de Sebastian Meise. Ce grand romantique contrarié passe sa vie en ballet permanent devant et derrière les barreaux pour le simple fait d’aimer et de coucher avec d’autres hommes. Et plus encore que le terrible contexte qu’il nous décrit, c’est ce merveilleux personnage, sacrificiel et libre envers et contre tout, qui intéresse vraiment le cinéaste. Par un superbe montage déstructuré (construit sur le principe de la comptine « Trois petits chats ») à la poésie folle, il nous raconte l’absolu de son héros et son histoire amicale et intime, souvent violente, avec Viktor, meurtrier à la carapace solide devenu repère pour un Hans toujours en partance. Il y a quelque chose du BAISER DE LA FEMME ARAIGNÉE dans ce film qui ne sort jamais ou presque des murs de la prison, sur cette rencontre inattendue entre deux âmes blessées qui se soignent mutuellement et dans la flamboyance de ce Hans à la rébellion chevillée au corps. On pense aussi à Fassbinder, moins pour la mise en scène, bien plus austère dans GREAT FREEDOM, que dans sa capacité à parler sans détour de l’homosexualité et à raconter un personnage tragique dont la naïveté est sans cesse punie mais qui n’en ressort que magnifié. Enfin, à l’instar d’un des personnages des ÉVADÉS, qui une fois sorti de prison ne supporte pas son affranchissement, GREAT FREEDOM raconte l’impossible libération de ces mânes trop longtemps enfermés pour qui la liberté ne cessera d’être un combat. Ou ne sera pas.

De Sebastian Meise. Avec Franz Rogowski, Georg Friedrich, Anton von Lucke. Allemagne. 1h40. Prochainement

 

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