Cannes 2021 : VAL / Critique

07-07-2021 - 15:55 - Par

Cannes 2021 : VAL / Critique

De Leo Scott et Ting Poo. Sélection officielle, Cannes Première.

 

Synopsis : Pendant plus de 40 ans, Val Kilmer a documenté sa propre vie et son métier par le biais de films et de vidéos, accumulant des milliers d’heures de séquences.

Un autoportrait de Val Kilmer, plus juste et émouvant sur les failles de l’intime que sur la machine hollywoodienne.

Depuis ses débuts, Hollywood s’est toujours regardé comme ce qu’il est : une machine qui fait et défait les gens. Comme A STAR IS BORN ou SUNSET BOULEVARD avant lui, VAL ne raconte au fond que ça. Mais il le fait de l’intérieur avec pour sujet et auteur, Val Kilmer, une de ses créatures, une de ses stars les plus flamboyantes et les plus brisées aujourd’hui. La créature abîmée donc forcément oubliée, délaissée, se raconte, se regarde devenir créature à travers les images de ses films mais plus encore à travers toutes ses archives personnelles, ses milliers d’heures caméscope à la main passées à documenter une vie vouée à être regardée. L’effet est étrange, le film encore plus. Naviguant entre le passé et le présent, la star puissante et la star déchue, l’image granuleuse de camescope et celle HD du cinéma, l’autoportrait se diffracte en jeux de miroirs. D’abord, celui d’un jeune homme qui vit dans l’ombre d’un grand frère brillant, petit génie créatif, mort brutalement à l’adolescence. Constamment, le film ressasse ce fantôme, comme si Val avait pris la place qu’aurait dû avoir Mickey Kilmer. Ces moments-là, où les archives entre les deux frères, leurs films d’adolescence, les moments en famille s’invitent subrepticement dans le grand barnum hollywoodien sont les plus beaux. Lesté de ce deuil impossible, le film fait s’affronter alors Val et son double de cinéma, la star, le beau gosse des 90’s. Sur les tournages de TOP GUN ou de TOMBSTONE, on savoure des moments inattendus, des coulisses étonnantes, pleines de vie. Le second rôle qu’il est alors trouve dans ce pas de côté de la lumière un terrain de jeu qui lui laisse toute l’opportunité de regarder plutôt que d’être vu. Mais quand la lumière se braque sur lui, totalement, à partir de BATMAN FOREVER, soudain quelque chose s’enraye. Entièrement raconté par Val Kilmer aujourd’hui (via la voix de son fils, Jack), le film fait le portrait d’un artiste piégé à Hollywood, d’un acteur dont l’exigence aurait été incompatible avec l’industrie du cinéma. Évidemment, c’est un point de vue. Parfaitement hagiographique, le film ne fouille aucune zone d’ombre, n’oppose rien à Kilmer. Il faut l’accepter mais ne pas l’oublier non plus. Et puis, il y a ce dernier miroir, terrible, Kilmer aujourd’hui, survivant très affaibli d’un cancer de la gorge. Comment vivre avec le fantôme de son image ? Joliment, le film montre un homme en paix, entièrement dévoué aux souvenirs de qui il était. C’est dans cette douceur-là, cette façon de faire du passé une trace joyeuse et tendre de ce que l’on est, plus que dans le portrait d’Hollywood, que le film touche et trouve sa force. On venait voir un film sur la violence d’Hollywood, VAL nous a montré la douceur des films de familles.

De Leo Scott et Ting Poo. Avec Val Kilmer. Documentaire. Prochainement

 

 

Val (2 of 2)

 

 

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