Cannes 2021 : GHOST SONG / Critique

07-07-2021 - 21:50 - Par

Cannes 2021 : GHOST SONG / Critique

De Nicolas Peduzzi. ACID.

 

Pitch officiel : Houston, Texas. Alors qu’un ouragan s’annonce, Alexandra, Will et Nate se battent pour survivre dans une ville qui semble dévorer aussi bien les gens que les rêves. Dans cette atmosphère suspendue dans le temps, ces personnages vivent leur vie entre musique, hallucinations et espoirs de rédemption.

Dès que démarre GHOST SONG, Nicolas Peduzzi sème le doute : fiction ou documentaire, la première séquence, logorrhée d’un dealer / consommateur de cocaïne qui ressasse une vieille histoire d’amour qui a bon dos, est si bigger than life qu’on y voit de l’écrit et de la fabrique de personnages, comme si les univers déliquescents d’Harmony Korine s’étaient emparés de l’écran. En voiture, l’amoureux camé et son chauffeur, Will, tout aussi addict à la défonce, arpentent Houston, Texas, de nuit, en introduction parfaite au portrait déluré et apocalyptique que le réalisateur va en faire pendant une heure et demi. Un ouragan est en passe d’éclater et de tout ravager mais Houston est d’ores et déjà en état de fin du monde, rongée par la drogue, la pauvreté ou l’immoralité. Will cherche du matos pour faire passer l’aigreur d’une enfance dorée et malheureuse. OMB Bloodbath, rappeuse amoureuse, persuadée d’être la cible d’un contrat, se planque dans un motel miteux. Du hip hop furieux au folk crépusculaire, des banlieues chics aux pires ghettos, des règlements de comptes entre gens riches aux vraies fusillades à la station essence, c’est toute une mythologie américaine, aussi contemporaine qu’intemporelle, qui se déroule devant la caméra de Peduzzi. Le réalisateur embrasse le normcore de la situation autant que l’imagerie dingue qui s’offre à lui, comme cette colossale croix en néon qui veille sur le quartier ou ce sosie mal dégrossi d’un mafieux des AFFRANCHIS. Comme un livre de clichés sur un Texas délétère, GHOST SONG aligne les paysages fantasmatiques et les personnages typiques. C’est aussi une plongée dans une jeunesse qui paie les péchés de ses aînés ou de ses pairs, chez des personnages prisonniers de leur propre caricature. Lorsque Will dégaine sa guitare pour entonner un folk ancestral, son oncle gominé lui répond comme le Frank Sinatra qu’il aimerait être : l’Amérique vit de ses archétypes mais derrière la bad girl qui croit crever ou le fils de riche camé jusqu’à l’os, il y a un tourment qui met le pays à genoux. Un tourment que ce documentaire a capté avec beaucoup d’humanité.

De Nicolas Peduzzi. Avec OMD Bloodbath, William Folzenlogen, Nate Nichols. États-Unis. 1h16. Prochainement

 

GhostSong2

GhostSong3

GhostSong1

 

 

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