Cannes 2021 : THE STORMS OF JEREMY THOMAS / Critique

10-07-2021 - 15:30 - Par

Cannes 2021 : THE STORMS OF JEREMY THOMAS / Critique

De Mark Cousins. Cannes Classics.

 

Le portrait d’un producteur culte par Mark Cousins. Forcément moins brillant et ambitieux que son STORY OF FILMS.

C’est l’un des passeurs de cinéma les plus attachants et passionnants. Mark Cousins, critique et documentariste, sait comme personne bousculer les images entre elles, raconter les films par les émotions qu’ils procurent et déplacer avec une jubilation de sale gosse réjouissante les présupposés de la doxa cinéphile. Pas étonnant alors qu’il se passionne pour Jeremy Thomas, producteur anglais iconoclaste à qui l’on doit les grands films de Nicolas Roeg (ENQUÊTE SUR UNE PASSION, EUREKA…), FURYO de Nagisa Oshima, le DERNIER EMPEREUR de Bernardo Bertolucci (oscarisé pour la peine) ou encore LE FESTIN NU et CRASH de Cronenberg. Pensé comme un road trip, de la verte campagne anglaise vers l’édition 2019 de Cannes, le film laisse au départ supposer un format singulier et plutôt amusant. Le filmeur et son sujet dans une voiture se racontent. Mais très vite, le film perd son format et devient plus hagiographique – décomposé en différents portraits selon des grands thèmes (la voiture, le sexe, la mort, la famille…). Dès que Cousins s’arrête sur des images et pose sa voix singulière sur des plans, guide notre regard vers un détail, il fait se rapprocher avec élégance l’intime et la fiction. On est alors forcément moins convaincu et intéressé par toutes les scènes documentaires – la présentation à Cannes du nouveau film de Takashi Miike – et autres confessions, nettement moins originales. Bien sûr, en creux, le film dessine la fonction étrange d’un producteur, cette façon de vivre pour et à travers le talent d’un autre, la joie qu’on peut ressentir à l’idée d’avoir permis à quelqu’un de s’exprimer et la mélancolie de devoir toujours repartir de zéro. Mais il reste toujours plus pertinent quand il plonge dans les images d’hier, la jubilation du cinéma que dans la fabrication un peu trop polie du documentaire.

De Mark Cousins. Documentaire. 1h29. Prochainement

 

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