Cannes 2021 : JFK REVISITED – THROUGH THE LOOKING GLASS / Critique

12-07-2021 - 16:00 - Par

Cannes 2021 : JFK REVISITED – THROUGH THE LOOKING GLASS / Critique

D’Oliver Stone. Sélection officielle, Cannes Première.

 

Synopsis : À la faveur de la déclassification de millions de documents autour de l’assassinat de JFK et de leur étude, Oliver Stone fait le point sur les multiples zones d’ombre de cette affaire historique.

De la série d’excellents voire de très grands films réalisés par Oliver Stone entre le milieu des années 80 et la fin des années 90, JFK reste peut-être le plus emblématique, le plus proche d’un grand cinéma populaire, à mi-chemin entre l’esprit corrosif du Nouvel Hollywood et celui plus optimiste et sentimental de Frank Capra. Une quasi œuvre-somme dans laquelle le cinéaste disséquait avec ampleur l’amour et la répulsion mêlés qu’il éprouve pour son pays. On ne s’étonne donc pas vraiment de le voir revenir à ce sujet aujourd’hui, après quatre ans de trumpisme, de divisions et de tensions raciales exacerbées et, évidemment, de complotisme. La question se pose d’ailleurs immédiatement : peut-on encore remettre en cause la thèse officielle du tueur solitaire de JFK, analyser avec méfiance chaque preuve ou élément du dossier sans tomber dans les travers du « fake news » et de la conspiration omniprésente ? Dans le cas de l’assassinat de Kennedy, JFK REVISITED (comme JFK en son temps) a une réponse indirecte toute simple : les preuves fournies s’avèrent parfois si absurdes que c’est bien l’enquête officielle qui apparaît souvent ridicule, irraisonnée et surréaliste. Tout le savoir-faire d’Oliver Stone réside d’ailleurs là, dans ce storytelling à la fois académique, profondément ironique et enragé, capable de soulever un lièvre en une phrase, un plan, ou un témoignage placé au bon moment. Mais quelque chose cloche tout de même dans JFK REVISITED. Il arrive certes au bon moment (cet assassinat résonne jusqu’à aujourd’hui, avec l’horreur quotidienne de l’Amérique, assure-t-on dans le film) et dit donc énormément, avec justesse, des échos insondables de ce crime dans l’Histoire mais aussi de la conduite politique du monde, passée et présente. Pourtant, ce contexte très à propos joue également contre le film. Car JFK REVISITED souhaite sans doute trop bien faire : en deux heures, sous une musique pompeuse incessante, il déroule une foultitude souvent passionnante mais écrasante de documents, d’informations, de témoins, de personnages, de théories, d’analyses qui ne sont jamais exposés avec le temps et le soin nécessaires à leur digestion par le spectateur. Si bien que JFK REVISITED apparaît alors moins comme un réquisitoire cherchant à établir une potentielle vérité par la compréhension des faits – comme l’était JFK – qu’un soliloque exalté auquel le spectateur doit déjà adhérer a priori. Plus personne ne doute vraiment que Lee Harvey Oswald fut un bouc-émissaire. Mais 2021 n’est pas 1991 : pour que JFK REVISITED convainque totalement et qu’il s’affiche droit dans ses bottes, sa clarté aurait dû être absolue.

D’Oliver Stone. Documentaire. 2h. Prochainement

 

JFK REVISITED 1

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.