Cannes 2021 : SATOSHI KON, L’ILLUSIONNISTE / Critique

09-07-2021 - 22:16 - Par

Cannes 2021 : SATOSHI KON, L’ILLUSIONNISTE / Critique

De Pascal-Alex Vincent. Sélection officielle, Cannes classics

 

En seulement quatre longs-métrages, une série et quelques mangas, le réalisateur japonais Satoshi Kon a révolutionné le rapport de l’animation au 7e art. Avec sa maîtrise, son exigence et sa créativité anxieuse, il a contribué à la sortir d’un carcan enfantin et divertissant, tout en lui apportant une acuité et une force évocatrice venues défier la prise de vue réelle. Inventif, expérimentateur, le cinéaste n’a cessé de s’interroger sur la porosité entre réalité, rêve et fiction, les conjuguant à l’envi dans des œuvres osées, ambitieuses et folles, de PERFECT BLUE à PAPRIKA en passant par PARANOIA AGENT. C’est à cet immense artiste, disparu prématurément à l’âge de 46 ans en 2010, que Pascal-Alex Vincent rend hommage dans son documentaire SATOSHI KON, L’ILLUSIONNISTE. À l’aide d’intervenants prestigieux, de Mamoru Hosoda à Darren Aronofsky, Mamoru Oshii à Rodney Rothman, en faisant un détour nécessaire par Masao Maruyama, l’un des fondateurs du studio Madhouse, le documentaire propose un riche portrait chronologique du mangaka devenu cinéaste. Pascal-Alex Vincent aiguise la curiosité des non-initiés et repait les amateurs grâce, notamment, à de nombreux extraits de ses films, que l’on ne demande qu’à voir ou à revoir, et dont l’avant-gardisme est toujours aussi flagrant. Malgré un amour indéniable pour le travail de Satoshi Kon, il est regrettable qu’un film consacré à l’un des plus grands expérimentateurs visuels soit aussi sage dans sa forme. À cette timidité s’ajoute un aspect hagiographique parfois plombant, surtout quand le plupart des intervenants japonais évoquent la personnalité double de l’artiste sans que jamais le documentaire n’explore cette part d’ombre. Un peu froid, SATOSHI KON, L’ILLUSIONNISTE est cependant traversé de fulgurances, comme quand, soudain, au bord des larmes, la doubleuse japonaise de l’héroïne de PERFECT BLUE se confie sur son passé d’idol traquée par un stalker. Un traumatisme que le film, qui traite du même sujet, l’a aidé à surmonter. Au bout du compte, le documentaire de Pascal-Alex Vincent réussit dans ce qu’il entreprend : être une passionnante invitation à se plonger dans l’univers de cet explorateur de nos angoisses qu’est Satoshi Kon.

De Pascal-Alex Vincent. Documentaire. France / Japon. 1h22. Prochainement

 

 

 

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