Cannes 2021 : UNE JEUNE FILLE QUI VA BIEN / Critique

11-07-2021 - 07:31 - Par

Cannes 2021 : UNE JEUNE FILLE QUI VA BIEN / Critique

De Sandrine Kiberlain. Semaine de la critique.

 

Sur un parti pris osé, Sandrine Kiberlain réussit un beau premier film à la fois lumineux et tragique. Au centre, la révélation Rebecca Marder.

Irène a 19 ans. Elle aime passionnément le théâtre et rêve d’entrer au conservatoire, se chamaille avec son grand frère, cherche son premier grand amour. Irène a tout d’une jeune fille qui va bien. Sauf que nous sommes en 1942, qu’Irène est juive et qu’elle ne voit pas (ne veut pas voir ?) l’horreur. Le parti pris était risqué. Faire un film sur l’antisémitisme dans la France de la seconde guerre mondiale comme un pur et lumineux film d’apprentissage. Sandrine Kiberlain aborde ici cette époque par le biais du quotidien, une forme de légèreté déconcertante qui se révèle puissamment émouvante. Chacune des promesses, chacun des désirs et des envolées de cette jeune fille qui attend tout de la vie fendent le cœur d’un spectateur qui lui, sait. Intelligemment, Kiberlain tisse un film plein de vie, par une juxtaposition de séquences familiales, amoureuses et heureuses qu’elle entache, par petites touches, des rumeurs et des inquiétudes face à l’arrivée des lois antisémites. Au dernier plan, terrible, on fond en larmes.

Est-ce parce que le film se situe dans le milieu du théâtre sous l’occupation comme dans LE DERNIER MÉTRO ou bien qu’Irène est sujette à des évanouissements amoureux comme l’héroïne DE LA FEMME D’À CÔTÉ, mais il flotte dans ce film romanesque et délicat un parfum à la Truffaut. Kiberlain a le sens du dialogue, raffiné et malicieux, et entoure la révélation Rebecca Marder d’une galerie de personnages et de comédiens/comédiennes, tous excellents (notamment Cyril Metzger, très touchant, Florence Viala, si juste et Anthony Bajon, très émouvant en grand frère bougon). Mais on ne voit qu’elle, Rebecca Marder, actrice phénoménale, à la fois jeune première et tornade moderne. Elle habite chaque plan, chaque réplique d’un souffle de vie qui emporte tout. Kiberlain la magnifie et tire d’elle une force et une insolence qui rendent le film profondément contemporain – malgré le contexte. C’est toute la réussite de ce beau premier film qui, dans les pas du PERSEPOLIS de Marjane Satrapi, remet de l’humain, du vivant, du vibrant dans les livres d’Histoire. Une réussite.

De Sandrine Kiberlain. Avec Rebecca Marder, André Marcon, Anthony Bajon. France. 1h38. En salles le 26 janvier

 

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