Cannes 2021 : ALINE / Critique

14-07-2021 - 15:57 - Par

Cannes 2021 : ALINE / Critique

De Valérie Lemercier. Sélection officielle, Hors Compétition.

 

On pouvait tout craindre (ou tout espérer) d’un film qui s’inspire de la vie de Céline Dion. Le kitsch, l’excès, la relation avec René, la famille nombreuse, l’accent québécois : le monde de la diva à la voix d’or est, en soi, un réservoir à vannes faciles. Quand Valérie Lemercier s’est révélée être celle à la tête d’un tel projet, on pouvait craindre (ou espérer), une comédie, certes bien troussée, mais virulente à la manière du très bon PALAIS ROYAL!.

ALINE est un miracle. Dans les grandes lignes, le film pastiche la vie de Céline, de sa petite enfance chiche mais heureuse dans une bourgade du Québec jusqu’à son statut d’icône et la mort de René, renommé ici Guy-Claude, en passant par sa difficulté à avoir des enfants. Mais ALINE, c’est surtout une splendide rom-com. Qu’il aurait été aisé de tomber dans le glauque pour évoquer la relation de la star et de son manager aux nombreuses années d’écart. À ça, Valérie Lemercier oppose un amour sincère, une histoire sans âge, douce et respectueuse, au romantisme exacerbé. Une évidence qui ne peut être contredite et le récit d’une passion à faire pâlir celle du TITANIC dont elle chante le « My heart will go on ». En parallèle de cette romance à vous cisailler le cœur, la réalisatrice pose un regard tendre sur son Aline/Céline et raconte le parcours d’une femme amoureuse ordinaire au talent extraordinaire. Une fleur rare qui n’a besoin pour grandir que d’un regard posé sur elle qui agit à la fois comme un soleil et comme un tuteur. D’abord maternel, ce regard référent devient ensuite celui de l’homme aimé. Une sorte de captivité choisie dans laquelle elle développe sa bulle, unique, égocentrique et déconnectée, où elle s’épanouit à l’abri des tumultes de l’extérieur, plus sensible cependant à ses drames intimes qu’elle déverse, impudique, au grand jour. Dans un dernier mouvement poignant, Aline doit apprendre à découvrir son propre regard, à se confronter au monde et à laisser cette bulle éclater pour exister par elle-même et pour elle-même. Le début d’une errance pour retrouver le sens en conclusion d’un film qui ne ressemble à aucun autre de la cinéaste.

En prêtant ses traits à la chanteuse, à tous les âges de celle-ci, Valérie Lemercier s’éclate. Elle danse, elle bouge comme Céline Dion, s’inspire de son incroyable spontanéité et en échange lui prête son humour et son œil drolatique sur le monde. En filigrane, la réalisatrice et comédienne timide et insondable se raconte : sa solitude, son appréhension, son côté fleur bleue ainsi que son amour du populaire. Et c’est bien là que réside la réussite totale d’ALINE qui, en sondant l’âme d’une artiste dont on sait déjà tout, en raconte une autre tout aussi émouvante.

De Valérie Lemercier. Avec Valérie Lemercier, Sylvain Marcel, Danielle Fichaud. France. 2h03. En salles le 10 novembre

 

 

ALINE

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