UN ENDROIT COMME UN AUTRE : chronique

07-12-2021 - 18:32 - Par

UN ENDROIT COMME UN AUTRE : chronique

Avec son nouveau film, Uberto Pasolini assoit son statut de nouveau maître du socioréalisme anglais, et c’est un excellent directeur d’acteurs.

 

John, 34 ans, va mourir dans les mois ou les semaines à venir. Laveur de carreaux, célibataire depuis que sa compagne l’a quitté, il prépare l’après et, avec l’aide de travailleuses sociales, cherche le foyer qui accueillera son fils une fois que sa maladie l’aura tué. Le petit Michael, 4 ans, sent bien qu’il y a quelque chose qui cloche. Au fil des visites, alors qu’il rencontre ses éventuels parents adoptifs, il sait qu’il va être abandonné à nouveau. C’est dans la dignité que père et fils commencent à aborder les difficiles sujets de la maladie et de la mort, l’un pédagogue, l’autre curieux. De foyer en foyer, John doit décider de l’avenir de son fils : des parents riches pour donner à Michael la chance de s’extraire du milieu populaire dans lequel il est né ? Des adoptants professionnels dont la maison est remplie d’orphelins pour lui offrir les frères et les sœurs qu’il n’a jamais eus ? Une femme seule qui rêve d’être mère ? Qu’est-ce qu’on veut pour son enfant ? Et quel instinct oriente un père dans le choix de son remplaçant ? Avec ce porte-à-porte, c’est un portrait de la parentalité qui se dessine, devant la caméra pudique d’Uberto Pasolini qui, déjà avec UNE BELLE FIN et aujourd’hui avec UN ENDROIT COMME UN AUTRE, dégraisse le cinéma de ses artifices et va au cœur du réalisme, chez les gens simples et les questionnements compliqués. Plus retenu et moins politique que Ken Loach, il préfère à l’affrontement entre l’homme et la société l’apaisement des Hommes face à eux-mêmes. La mort, c’est ce qui finalement nous rend tous égaux et chez Uberto Pasolini, c’est le moment qui, dans la vie, devrait nous rapprocher. C’est offrir une fin digne aux personnes seules dans UNE BELLE FIN, penser à ceux qui restent dans UN ENDROIT COMME UN AUTRE. Le cinéma comme un sacerdoce : il colle au réel et tente d’en défaire les nœuds et les souffrances pour soulager l’âme. De cette confrontation permanente avec la mort, émergent une émotion brute et une humanité fondamentale. Face à l’entreprise d’introspection, la performance embrasse un naturalisme sidérant. Ainsi, James Norton, qui joue d’habitude les classes bourgeoises comme une seconde nature, dépouille ici son interprétation et atteint l’apothéose en mêlant le fonctionnalisme et l’émotion ; scène après scène, il raconte l’histoire avec des dialogues précis et des regards complexes, il charrie tout un passé qu’on finit par lire dans les tatouages, dans les photos qu’il retrouve, dans les souvenirs qu’il prépare pour son fils. Ce qu’il incarne est riche, bien que le contour soit simple. Là aussi, ça force l’admiration. 

D’Uberto Pasolini. Avec James Norton, Daniel Lamont, Eileen O’Higgins. Grande-Bretagne. 1h36. En salles le 8 décembre

4Etoiles

 

 

 

 

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