LES VEDETTES : chronique

08-02-2022 - 17:13 - Par

LES VEDETTES : chronique

Après le succès de MAX ET LÉON, leur premier long en forme de film d’aventures, le Palmashow étonne avec une comédie sociale drôle et amère sur deux losers en quête de reconnaissance. Brillant et terriblement attachant.

 

Héros comiques de toute une génération (qui ne cesse d’ailleurs de grandir à chaque passage télé), Grégoire Ludig et David Marsais – soit le Palmashow – ont toujours eu devant eux un boulevard pour produire de la comédie au kilomètre. Des personnages cultes, un art du sketch qu’on étire jusqu’à l’épuisement du rire et des idées, une réalisation en pilote automatique et des guest stars pour remplir le générique et faire joli sur l’affiche : le cinéma français n’attend que ça d’eux. Mais eux, non. Si MAX ET LÉON nous avait déjà surpris par sa générosité et le soin apporté à être toujours un peu plus qu’une comédie, LES VEDETTES affirme haut et fort l’envie de Grégoire et David, aidé de leur réalisateur attitré Jonathan Barré, de faire du cinéma. De mettre la comédie au service des personnages et non l’inverse : Daniel et Stéphane, deux types lambda, employés d’un Univers Tech que la roublardise de l’un et l’hyperrigidité de l’autre vont lier malgré eux dans une odyssée qui les mènera de l’autre côté du petit écran. Si LES VEDETTES est bel et bien la satire méchante et burlesque du monde des jeux télé qu’on espérait, il est avant tout le portrait de ces deux mecs-là, de cette France des invisibles, faite de banlieues pavillonnaires anonymes, de zones commerciales aux néons froids et de prospectus publicitaires qui dégueulent des boîtes aux lettres. Très vite, le film affirme et tient un ton singulier entre la caricature et l’empathie, la comédie sociale réaliste et la stylisation burlesque (l’image semble parfois sortie tout droit d’une BD avec ses jeux de contrastes et de couleurs) si bien qu’il ne va jamais vraiment là où on l’attend. Un peu à la manière des meilleures comédies de Will Ferrell, LES VEDETTES pose une loupe sur notre époque qui grossit le trait et déforme légèrement la réalité pour permettre un rire, non pas moqueur ou condescendant, mais inquiet. Il se joue là derrière les auditions humiliantes, les petites manips de la télé, le goût du spectacle à outrance et ce besoin d’être vu, reconnu pour exister, quelque chose de la tristesse contemporaine, d’un désenchantement terrible (un plan magnifique d’un studio vide) que le film boxe par sa façon tendre et hilarante de célébrer le désuet, le « pas efficace », le « pas tout-à-fait dans l’axe », le « pas vraiment fini », le « pas parfait ». C’est toute la réussite de ces VEDETTES : faire de l’affection irrémédiable que l’on ressent pour ses deux héros cabossés, jamais vraiment aimables, la démonstration de force qu’une autre comédie française est possible. Celle qui regarde le monde tel qu’il est et trouve encore la force, malgré tout, de nous faire marrer. 

De Jonathan Barré. Avec Grégoire Ludig, David Marsais, Julien Pestel. France. 1h41. En salles le 9 février

5EtoilesRouges

 

 

 

 

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