THE POWER : chronique

16-02-2022 - 11:14 - Par

THE POWER : chronique

Un premier long-métrage d’une grande efficacité dont surgissent de vrais choix de mise en scène, pertinents et percutants.

 

Londres, 1974. En raison d’une grève des mineurs qui réduit la production d’énergie, le gouvernement britannique rationne l’électricité, allant jusqu’à couper le courant certaines nuit de la semaine. Dans un grand hôpital de la capitale, Val (Rose Williams, une révélation) effectue son premier jour en tant qu’infirmière. Alors que la plupart des services sont relogés le temps de la coupure, elle doit passer sa garde nocturne dans un établissement quasi vide et dénué d’électricité. Bientôt se fait sentir une étrange présence, de plus en plus menaçante… Dans ces longs couloirs déserts que parcourt l’héroïne inquiète de THE POWER, l’influence de SHINING se fait plus d’une fois sentir – d’autant que la musique, avec ses nappes électroniques et ses chœurs fantomatiques, cite ouvertement Wendy Carlos. Mais très rapidement, la personnalité du premier film de Corinna Faith se fait une évidence. La cinéaste, qui a débuté dans le documentaire à la télé et signé nombre de courts-métrages, préfère miser sur la patiente construction d’une atmosphère que sur le spectaculaire frimeur mais éphémère. Par un joli travail sur le son et ses textures, l’hôpital semble lentement prendre vie, bien avant que la première manifestation surnaturelle se fasse jour. Les regards attentistes de Rose Williams distillent une sensation diffuse de malaise, surtout que Val, son personnage, est elle-même hantée par un passé douloureux. Peut-être parce que Faith et Williams parviennent immédiatement à rendre attachante cette protagoniste, le spectateur se retrouve happé. D’autant qu’à l’écran, les ténèbres sculptées par la cheffe opératrice Laura Bellingham prennent peu à peu toute la place, trous noirs aspirant tout sur leur passage – et notamment toute respiration. Tirant partie de cette précision esthétique, Corinna Faith fait alors preuve d’un œil indéniable pour une imagerie sinistre et dérangeante, mais peut-être encore plus pour le hors-champ. Comme dans la j-horror qui l’a inspirée, ce qui n’est pas encore là ou ce qui l’est déjà sans qu’on le voie, nourrit un effroi durable. THE POWER se révèle ainsi être une expérience particulièrement efficiente, surtout que, derrière l’horreur fantastique s’en cache une autre, plus sournoise et réaliste, chronique très contemporaine du trauma et du silence imposé aux victimes. Dans ce dernier tiers, Corinna Faith oublie un peu les non-dits dont elle usait si bien jusqu’alors et trébuche quelques fois sur un excès de symbolisme ou d’explications. Mais sa proposition, personnelle, intimiste et atmosphérique, reste d’une grande solidité et, on le parie, annonciatrice d’une belle carrière. 

De Corinna Faith. Avec Rose Williams, Emma Rigby, Charlie Carrick. Grande-Bretagne. 1h33. En salles le 16 février

4Etoiles

 

 

 

 

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