LES BAD GUYS : chronique

05-04-2022 - 10:25 - Par

LES BAD GUYS : chronique

LES BAD GUYS trébuche sur un scénario un poil trop simple mais compense avec son esthétique, splendide, et sa folle énergie.

 

Après avoir multiplié au début des années 2010 les propositions audacieuses qu’étaient LES CINQ LÉGENDES, DRAGONS, LES CROODS ou même TURBO, DreamWorks a ensuite perdu le rythme, ne pouvant guère compter que sur les deuxième et troisième volets de la saga DRAGONS pour la maintenir à des sommets d’ambition. Depuis, calme plat. Jusqu’à l’arrivée de ces BAD GUYS, authentique vent de fraîcheur. Inspiré d’une série de romans graphiques jeunesse, il suit un gang de cinq braqueurs : Loup, Serpent, Piranha, Requin et Tarentule. Ennemis jurés des autorités, ils terrifient le reste de la population, humaine. C’est la première originalité notable du film qui, à l’écran, confronte des animaux anthropomorphisés à des humains relégués au rang de figurants. Le réalisateur Pierre Perifel impose ce parti-pris sans explication mais avec une mise en scène assurée – la première séquence, sans coupe, est remarquable d’inventivité, d’énergie, et laisse l’image conter les tenants de l’univers et la peur suscitée chez les hommes par ces Bad Guys. Le jour où le gang de Loup est arrêté, ils sont confrontés à un choix cornélien : aller en prison ou se racheter en… faisant le bien. L’idée est amusante et bien amenée – la prise de conscience de Loup, lorsqu’il sauve une vieille dame d’une chute, est à ce titre, construite avec un vrai sens comique. LES BAD GUYS multiplie alors les péripéties et tire plutôt bien parti des genres qu’il pirate (le film de casse et le crime movie tarantinesque) ainsi que de la personnalité de ses protagonistes, tous remarquablement croqués – notamment le Professeur Marmalade, cochon d’Inde doublé par Richard Ayoade. Mais peu à peu, le récit s’essouffle et la dramaturgie s’effiloche. En dépit de son propos sur les préjugés, LES BAD GUYS reste un peu trop en surface et peine à imposer des émotions complexes. Il reste pourtant un très bon moment de cinéma, notamment parce que le spectacle visuel est, lui, d’une splendeur permanente. Témoignage de l’impact qu’a eu le succès de SPIDER-MAN : NEW GENERATION, LES BAD GUYS opte pour une esthétique très stylisée, loin des codes de l’animation américaine : la lumière ne vise jamais le naturalisme, les textures des décors rappellent la peinture et celles des personnages n’ont que faire de détails photoréalistes. Sublime à regarder, LES BAD GUYS peut alors sans accrocs imposer sa folle énergie – les scènes d’action sont très réussies –, soutenue par une partition toute en swing et en groove de Daniel Pemberton. De quoi attendre un potentiel deuxième volet qui, espérons-le, saura creuser plus avant l’âme de ces personnages. 

De Pierre Perifel. Avec les voix de Sam Rockwell, Awkwafina, Zazie Beetz. États-Unis. 1h40. En salles le 6 avril

3Etoiles

 

 

 

 

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