LE SECRET DE LA CITÉ PERDUE : chronique

20-04-2022 - 17:13 - Par

LE SECRET DE LA CITÉ PERDUE : chronique

Sur le papier, cette comédie burlesque et romantique avait tout pour égayer le printemps, mais elle peine à affirmer la moindre singularité.

 

Quiconque a lu la série de romans « La Tour Sombre » de Stephen King, dans lequel le romancier finit par s’inclure dans le récit au point d’y interagir avec ses propres personnages, sait que les liens unissant les écrivains à leur univers sont une thématique captivante, aux ramifications existentielles et métaphysiques illimitées. LE SECRET DE LA CITÉ PERDUE utilise cette notion et part d’une excellente idée. Sa séquence introductive met en scène Loretta (Sandra Bullock), écrivaine de romans d’aventure à l’eau de rose, qui imagine le dernier chapitre du nouveau tome de sa saga à succès. Dans sa tête et à l’écran, tout prend forme comme dans un film, une sorte de sous-INDIANA JONES piraté par le soap opéra, alors qu’elle ajoute des éléments, en retire, réécrit et finit par conclure. Le script va ensuite s’ingénier à réellement donner vie à cet univers fictionnel et forcer Loretta à vivre une aventure digne d’un de ses livres. En effet, alors qu’elle assure la promotion de son nouveau bouquin, essorée et déprimée, Loretta est kidnappée par un riche héritier (Daniel Radcliffe) qui lui intime de l’aider à trouver sur une île sud-américaine le tombeau du chef d’une antique civilisation. Alan Dash (Channing Tatum, enfin de retour), mannequin un peu idiot, visage des couvertures des romans de Loretta, part à la rescousse de l’écrivaine, dont il est secrètement amoureux… Une romancière confrontée à l’impact de ses histoires et qui se met à les vivre ; un prétendant qui tente de se comporter comme le héros qu’il interprète : le terreau comique et dramaturgique du SECRET DE LA CITÉ PERDUE apparaît a priori extrêmement fertile. Mais l’exécution peine vraiment à en tirer profit. Alors que le concept même de l’histoire lui ouvrait un boulevard de possibilités méta, le film reste désespérément sage – son plus grand fait d’arme est d’offrir à Brad Pitt une apparition en héros fantasmatique, bellâtre cheveux au vent. Pas assez postmoderne, LE SECRET DE LA CITÉ PERDUE a tendance à se complaire dans les règles et les codes de la comédie et de la romcom plutôt que de les commenter ou de les subvertir. L’écriture, qu’elle soit comique, romantique ou dramatique, reste ainsi désespérément dans les clous, y compris pour tout ce qui concerne la relation de Loretta et Alan, plutôt jolie au demeurant, portée par le charme inaltérable de Sandra Bullock et le charisme crétin de Channing Tatum – qui suscite les quelques vrais rires sincères du film. LE SECRET DE LA CITÉ PERDUE manque de folie, de rythme, d’inventivité et, comme de plus en plus de comédies américaines, se révèle bien trop inégal sur près de deux heures pour ne pas mener inexorablement vers un ennui poli. 

D’Aaron Nee & Adam Nee. Avec Sandra Bullock, Channing Tatum, Daniel Radcliffe. États-Unis. 1h52. En salles le 20 avril

2Etoiles

 

 

 

 

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