Cannes 2022 : NOS CÉRÉMONIES / Critique

23-05-2022 - 10:20 - Par

Cannes 2022 : NOS CÉRÉMONIES / Critique

De Simon Rieth. Semaine de la Critique, compétition

 

Synopsis officiel : Royan, 2011. Alors que l’été étire ses jours brûlants, deux jeunes frères, Tony et Noé, jouent au jeu de la mort et du hasard… Jusqu’à l’accident qui changera leur vie à jamais. Dix ans plus tard et désormais jeunes adultes, ils retournent à Royan et recroisent la route de Cassandre, leur amour d’enfance. Mais les frères cachent depuis tout ce temps un secret…

 

Un premier long brutal et hyper sensuel sur l’amour à mort entre deux frères. Impressionnant d’audace et de style.

On ne devrait pas réduire quelqu’un à son âge mais quand même. Simon Rieth n’a pas 30 ans et son film a l’étrangeté douloureuse d’une vieille âme et la fougue furieuse de la jeunesse. Un film singulier, à la fois criard et délicat, qui navigue avec brio entre chronique sociale et fantastique torve. Et ce dès la scène d’ouverture. Sur une plage, deux petits garçons s’amusent à se défier. Mais l’étalonnage appuyé du film tord le naturalisme. Quelque chose se noue là dans cette scène, jusqu’à son issue fatale, traitée avec une douceur inattendue. NOS CÉRÉMONIES tient du conte évidemment, réussit à tenir son mystère fermement pendant sa première partie. Avec un sens du style indéniable, une façon de filmer à la lisière du bizarre (notamment via le choix des acteurs, tous à la beauté étrange) et du sentimental (c’est aussi et avant tout un film sur le passage à l’âge adulte), Simon Rieth impose avec ce premier long un imaginaire de cinéma nouveau, comme l’enfant improbable de Bruno Dumont et de Julia Ducournau. Une façon de filmer les corps, le désir, la sexualité, la mort avec un mélange de fascination et de répulsion, quelque part entre l’excitation et la honte, qui rend la trajectoire de ces deux frères liés par un étrange rituel, à la fois brutale et quasi érotique. Ce style marqué, très maîtrisé, permet à NOS CÉRÉMONIES de dépasser la métaphore fantastique un peu appuyée du scénario (eros/thanatos comme une addiction) pour faire de chaque plan un mystère, une tension qui rend le film quasi hypnotique. La naissance d’un cinéaste dont on a déjà envie de voir les prochaines images.

De Simon Rieth. Avec Simon Baur, Raymond Baur, Maïra Villena. France. 1h44. En salles le 24 août

 

 

 

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