TIC & TAC, LES RANGERS DU RISQUE : chronique

Drôle, malin, inventif, ce retour de TIC & TAC mêle polar noir, buddy movie et satire mélancolique. Tout ça avec des toons. Génial.

 

On n’aurait pas franchement misé sur ce retour de Tic et Tac, les deux écureuils rigolos, transformés dans les 90’s en super détectives dans une série d’animation au générique culte (oui, vous l’avez en tête, on sait). Et pourtant, ce come-back est une réjouissante réussite. Un come-back oui, bien plus malin qu’un reboot ou un décalque. C’est tout le postulat, brillant, du film. Même les toons vieillissent. Inventant un monde qui emprunte aussi bien à QUI VEUT LA PEAU DE ROGER RABBIT où toons et humains cohabitent, qu’à READY PLAYER ONE et son orgie de pop culture où toutes les références se mêlent, ce retour de TIC & TAC réussit en à peine quelques minutes à nous embarquer. Emballant en quelques scènes la rencontre entre Tic & Tac à l’école, ados mal dans leur peau qui trouvent dans la comédie une façon de se reconnaître, le film est irrésistible. Un sens du rythme, du style, de l’invention (chaque plan fourmille de détails, de petits gags cachés, de citations joueuses…) qui émerveille. Mais surtout, il y a ici une façon très premier degré de faire de ces petits personnages animés des figures complexes, pétris de sentiments qui le sont tout autant. En faisant de Tic & Tac non pas des super détectives mais bien des comédiens, aujourd’hui accrochés pour l’un à cette gloire des 90’s, résilient et reconverti dans les assurances pour l’autre, le film trouve un ton à la fois comique et mélancolique très réussi. À partir de ce fil rouge émotionnel, le film mute en buddy movie avec une poisseuse intrigue de toons kidnappés, qui vire au néo-noir. Course poursuite, interrogatoire, dock brumeux et parrain de la mafia, tout y est. TIC & TAC prend le genre au sérieux et délivre une intrigue solide, menée tambour battant, qui révèle pas mal d’abîmes chez les personnages. L’équilibre entre le merveilleux enfantin et la noirceur adulte est parfait. Amusé, émerveillé, effrayé et puis soudain ému par ces deux petits écureuils que le temps n’a pas épargnés, on est surtout troublé par la façon dont, l’air de rien, ce film supposément pour enfants nous a rappelé le pouvoir d’une bonne histoire. Extrêmement drôle (via notamment toute l’ironie autour de l’évolution des techniques d’animation), merveilleusement interprété en V.O par Andy Samberg, John Mulaney et Seth Rogen entre autres, ce retour de TIC & TAC est bien la preuve qu’aujourd’hui, Hollywood n’est jamais meilleur que quand il regarde avec tendresse et justesse ses héros d’hier se relever.

De Akiva Schaffer. Avec les voix d’Andy Samber, John Mulaney, Seth Rogen… États-Unis. 1h46. Sur Disney+ le 20 mai