Cannes 2022 : AFTERSUN / Critique

21-05-2022 - 13:30 - Par

Cannes 2022 : AFTERSUN / Critique

De Charlotte Wells. Semaine de la Critique, compétition

 

À croire qu’une nouvelle loi cinématographique est en train de se dessiner : si Paul Mescal est dans un film, alors la mer aussi. C’était celle bleue et chaude des îles Saroniques dans THE LOST DAUGHTER de Maggie Gyllenhaal, et celle froide et agitée d’Irlande dans le film de la Quinzaine des réalisateurs GOD’S CREATURES du tandem Anna Rose Holmer et Saela Davis. AFTERSUN de Charlotte Wells n’y échappe pas. Dans son premier long, la cinéaste écossaise s’intéresse à Sophie, jeune maman qui en retrouvant une cassette vidéo amateur de vacances, se souvient de cet été-là, seule avec son père, sur les côtes turques. C’est à travers elle que l’on rencontre Callum, ce père seul qui, à l’époque, fait de son mieux. Un bon père. Peut-être un peu dépassé. Les souvenirs en DV d’elle petite se mélangent avec ce que l’adulte Sophie projette désormais de ce papa qui était pourtant bien plus que cela. Mais quand on a 12 ans, comment voir autrement cette figure paternelle que comme une entité essentialisée à son rôle protecteur et responsable ? Un monolithe dont on n’imagine pas les failles et les souffrances. Cette sagesse, cette tolérance même, n’arrive que bien plus tard, d’autant plus lorsqu’on devient soi-même adulte, et pourquoi pas parent. AFTERSUN prend son temps, au soleil, au bord de l’eau, et explore cette très belle relation père-fille avec douceur et mélancolie, à un moment, à la lisière de l’adolescence où l’on est à la fois proche et déjà en train de s’éloigner. Il a le goût des glaces dégustées sur la plage et du sel des batailles nautiques. Si Charlotte Wells confond parfois temps long et longueur, expérimentation et esthétisation, elle maîtrise cependant la tendresse. Et c’est bien là l’important.

De Charlotte Wells. Avec Paul Mescal, Frankie Corio. Royaume-Uni, Etats-Unis. 1h38. Prochainement. 

 

 

 

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