Cannes 2022 : NOSTALGIA / Critique

26-05-2022 - 13:54 - Par

Cannes 2022 : NOSTALGIA / Critique

De Mario Martone. Sélection officielle, compétition

 

Errance. Dans NOSTALGIA, Felice Lasco revient à Naples comme un étranger. Quarante ans qu’il n’avait plus mis les pieds dans la ville qui l’a vu grandir. Et c’est superbe. Mario Martone, qui adapte ici le roman éponyme d’Ermanno Rea, filme le puissant Pierfrancesco Favino arpentant les rues et les restaurants d’un Naples qui n’a pas tant changé depuis ses 15 ans. Même son italien est un peu hésitant, comme ses pas et ses choix. Il retrouve sa mère, juste à temps, qui semblait l’avoir désespérément attendu pour pouvoir accepter la mort. Les 45 premières minutes de NOSTALGIA emportent, bouleversent, racontent avec justesse et délicatesse la difficulté du retour, le dépaysement dans son propre pays. Mario Martone filme sa ville avec passion, dans toutes ses contradictions, entre violence, misère et simplicité, dans un décor à la mémoire pluri-centenaire. Puis soudain, comme s’il se rappelait qu’il fallait raconter une autre histoire, le film nous entraîne dans un récit d’amitié adolescente qui a mal tourné, opposant à Felice un Oreste resté sur place, devenu roi des délinquants là où le fils prodigue à trouvé amour et succès au Caire. Une tragédie s’installe, l’issue ne peut être que fatale car la violence des années n’a pas apaisé la trahison, la consolidant en principe de vie. NOSTALGIA semble alors passer en mode aléatoire, allant d’une scène à l’autre sans vraie logique ou intérêt, passant allègrement au-dessus de nombreuses pistes qu’il installe (de la conversion à l’Islam de Felice à la femme de ce dernier qui n’a le droit qu’à d’embarrassants contre-champs téléphoniques) et s’embourbe dans un exposé balourd à peine sauvé par son interprète qui ne sait plus ce qu’il doit jouer. Quel gâchis.

De Mario Martone. Avec Pierfrancesco Favino, Tommaso Ragno, Francesco Di Leva. Italie / France. 1h57. Prochainement. 

 

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.