JURASSIC WORLD – LE MONDE D’APRÈS : chronique

07-06-2022 - 14:38 - Par

JURASSIC WORLD – LE MONDE D’APRÈS : chronique

Après avoir laissé J.A. Bayona se charger de FALLEN KINGDOM, Colin Trevorrow reprend les rênes de sa trilogie. Et trébuche.

 

La franchise JURASSIC a toujours buté sur un os : avoir débuté devant la caméra experte du conteur des conteurs, Steven Spielberg. Comment égaler ce sommet ? Le maître lui-même avait failli sur LE MONDE PERDU, en dépit de la virtuosité de sa mise en scène. Pourtant, malgré ce handicap de départ et des scories très visibles (une réalisation un peu maladroite sur le premier ; un humour et des références trop lourds), les deux JURASSIC WORLD affichaient du beau spectacle et des qualités thématiques réjouissantes – un propos méta sur l’état des blockbusters et la souffrance animale. On ne peut alors qu’être surpris de voir l’entreprise s’ecrouler sur ce troisième épisode. La promesse de fin de FALLEN KINGDOM ouvre LE MONDE D’APRÈS : les dinosaures vivent désormais parmi les humains, avec des conséquences forcément lourdes. Le film expose ses enjeux et ses angles dès son ouverture, via un faux reportage faisant office de ‘précédemment’, et ancre tout aussi vite ses intentions émotionnelles. En quelques séquences traversées d’images puissamment mélancoliques (des diplodocus sur un chantier ; Owen domptant un dino pour le sauver), LE MONDE D’APRÈS a l’air de prendre le chemin d’un néo-western écolo, hanté à nouveau par la souffrance animale et notre rapport capitalistique au vivant. Une vision qui renvoie au cœur même de JURASSIC PARK tout en résonnant de manière très contemporaine. Sauf que LE MONDE D’APRÈS n’a cure de ce quasi intimisme – ses personnages, y compris les gloires passées, sont d’ailleurs étrangement transparents – et abandonne vite ces enjeux pour muter en aventure autour du monde droguée à JAMES BOND et TINTIN, où le récit se résume à une course-poursuite désincarnée guère intéressante. Le langage visuel y apparaît corseté dans des compositions pauvres ; ses moments de bravoure gangrénés par trop de fonds verts ratés et un excès de compositing. Tout ou presque manque d’ampleur et d’évocation. La promesse de voir un monde confronté aux dinosaures disparaît corps et biens dans un troisième acte circonscrit à une seule zone où, en dépit de quelques belles images (Claire face à un dino dans la forêt) et une thématique intéressante (la nécessité d’agir), LE MONDE D’APRÈS rejoue maladroitement des scènes mythiques du premier volet (l’attaque sur la Jeep ; le redémarrage du réseau électrique). Ce bégaiement avait du sens dans le post-modernisme de JURASSIC WORLD ; il est ici hors sujet. LE MONDE D’APRÈS en semble conscient : il use une nouvelle fois du T-Rex originel comme d’un outil méta pour rappeler que, peu importe le gigantisme qu’on lui oppose, JURASSIC PARK n’a pas d’équivalent.

De Colin Trevorrow. Avec Bryce Dallas Howard, Laura Dern, Chris Pratt, Sam Neill. États-Unis. 2h26. En salles le 8 juin

2Etoiles

 

 

 

 

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