THOR – LOVE & THUNDER : chronique

12-07-2022 - 10:30 - Par

THOR - LOVE & THUNDER : chronique

À quel moment doit-on cesser de nous intéresser aux films Marvel ? Quand ils arrêtent d’essayer de faire du cinéma.

 

Mettons tout de suite les choses au clair : THOR : LOVE & THUNDER plaira à celles et ceux qui ont envie de facto que ça leur plaise. Triste à dire mais symptôme clair d’un cinéma algorithmique qui n’essaie rien d’autre que de « satisfaire le client ». Donc un déroulé hyper lisible, des clins d’œil partout, de l’action toutes les 20 minutes et deux, trois péripéties et guests pour donner la sensation aux spectateurs que se joue là, devant eux, quelque chose de profond et dramatique. Un programme que Marvel déroule immuablement de film en film, à raison de deux à trois par année, jusqu’à épuisement des stocks et de notre patience. Personnages et situations sont interchangeables ; seule surnage une vague idée esthétique liée au héros. Ici donc entre les mains de Taika Waititi, le divin Thor devient un gros morceau de kitsch ironique où tout se doit d’être cool. Après un THOR RAGNAROK plutôt amusant quoique pas bien passionnant, la saga reprend en pilote automatique. Devenu une sorte de gourou New Age complètement crétin, Thor traîne avec les Gardiens de la Galaxie qui ne l’aiment pas beaucoup. Quand un méchant vilain (Christian Bale, tout en râles et grognements) se met à décimer tous les dieux, Thor est de retour à Asgaard – devenue une province de la Terre et un parc d’attractions – et tombe nez à nez avec son ex-copine, Jane Foster (Natalie Portman, vraiment pas à sa place). Voilà. Rien que ces lignes disent tout de la défaite de ce cinéma qui rabaisse le romanesque à ce qu’il y a de plus trivial. Mais pourquoi pas, après tout ? Malheureusement, Taika Waititi n’a aucune idée. Juste des petits concepts, des petites blagues écrites sur un coin de table, de l’humour 2.0 franchement ras du sol, et il emballe cette histoire déjà pas bien captivante dans une mise en scène totalement stérile. En se réfugiant derrière un ton sarcastique, le réalisateur se prémunit de toutes ambitions, de toutes difficultés. C’est nul ? Oui, mais c’est fait pour. Son cool, sans âme et lourdingue, devient lui-même affreusement ringard et gênant. On ne rit plus avec le film, on rit du film. Pire, on s’en désole. L’apparition de Russell Crowe en Zeus, affublé d’un vague accent russe, confirme qu’en fait, ici, plus personne n’y croit. Le spectacle est bien triste. Surtout que le film prend un instant un virage dramatique opportuniste franchement dégueu. Ni drôle (il en est réduit à utiliser des chèvres, star de l’Internet), ni beau, ni même intéressant, ce THOR : LOVE & THUNDER n’a même pas la force de mettre en colère. Il est juste un énième ersatz d’un type de cinéma qui appartient presque déjà au passé. 

De Taika Waititi. Avec Chris Hemsworth, Natalie Portman, Christian Bale. États-Unis. 1h59. En salles le 13 juillet

 

Note : 1 étoile sur 5

 

 

 

 

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