TREIZE VIES : chronique

23-08-2022 - 11:35 - Par

TREIZE VIES : chronique

Ron Howard revient en fiction sur les événements déjà contés dans le documentaire LA GROTTE : à la fois sobre et efficace.

 

Vingt-sept ans après APOLLO 13, l’un de ses tout meilleurs films, le cinéaste revient avec TREIZE VIES à un récit de survie en milieu hostile et de sauvetage un peu fou, inspiré de faits réels. Juin 2018, Thaïlande : douze garçons et leur entraîneur de foot vont visiter la grotte de Tham Luang. Des intempéries soudaines font monter l’eau et les emprisonnent à des kilomètres de l’entrée. Les autorités convoquent les forces spéciales pour tenter de leur venir en aide et un élan de solidarité mondiale s’active. Parmi les volontaires, deux plongeurs amateurs britanniques, spécialistes des sauvetages spéléologiques, Rick Stanton (Viggo Mortensen) et John Volanthen (Colin Farrell), bientôt accompagnés d’un ami australien, Harry Harris (Joel Edgerton). Ensemble, ils vont échafauder un plan insensé… Quiconque a suivi l’actualité en 2018 connaîtra l’issue de TREIZE VIES mais, pour en savoir plus sur cette histoire vraie, il aura fallu attendre 2021 et le documentaire LA GROTTE, de Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin. Le premier exploit de TREIZE VIES est de surmonter cette potentielle pré-connaissance : peu importe que l’on sache le déroulement de ces dix-huit jours et la teneur du plan imaginé par Stanton, Volanthen et Harris, Ron Howard fait de TREIZE VIES un thriller d’une grande efficacité. Sans doute parce qu’il s’appuie davantage sur l’humain – ses compétences et ses doutes, souvent entremêlés – que sur des ressorts faciles ou un triomphalisme béat. TREIZE VIES se veut absolument factuel et, dans sa mise en scène de ces faits, embrasse un réalisme qui insuffle au film une pesanteur – chaque scène de plongée écrase et étouffe le spectateur plus qu’aucune exagération artificielle, à l’instar de la toute première, dénuée de musique. La caméra du chef opérateur thaïlandais Sayombhu Mukdeeprom (ONCLE BOONMEE, CALL ME BY YOUR NAME…) se révèle aussi pertinente dans sa captation de l’ampleur majestueuse de la jungle que dans son portrait claustrophobe des boyaux de la grotte, tandis que Ron Howard met en scène le chaos des opérations comme un monstre à dompter. Du manque général volontaire d’effusion émerge un récit centré sur ses personnages – Mortensen, Farrell et Edgerton sont remarquables en parangons d’expertise jamais bêtement héroïques, étrangement très crédibles en messieurs-tout-le-monde. Ce que le film perd en romanesque, il le gagne ainsi en sobriété et peut alors observer avec d’autant plus de force et sincérité l’élan de solidarité qui se joue ici, symbole évident de ce qui manque trop souvent à la marche du monde. Simple, direct et honnête : du très bon Ron Howard.

De Ron Howard. Avec Viggo Mortensen, Colin Farrell, Joel Edgerton. États-Unis. 2h27. Sur Amazon Prime Vidéo

4Etoiles

 

 

 
 
 

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