KNOCK AT THE CABIN : chronique

31-01-2023 - 13:27 - Par

KNOCK AT THE CABIN : chronique

M. Night Shyamalan nous confronte à l’idée de sacrifice et de fin du monde pour une fable très actuelle, souvent accrocheuse et pertinente.

 

Parmi toutes ses figures récurrentes, une fait quasiment loi dans le cinéma de M. Night Shyamalan : l’incursion d’un surnaturel, avéré ou non, dans la réalité des personnages avec, en ligne de mire, la question de la croyance en l’existence de cet élément. Selon les films, le cinéaste joue alors à infirmer ou à confirmer la nature fantastique des enjeux. Ce mécanisme n’a peut-être jamais été aussi central que dans KNOCK AT THE CABIN, puisqu’il constitue le tissu même de la dramaturgie. Andrew (Ben Aldridge), Eric (Jonathan Groff) et leur fille adoptive Wen (Kristen Cui) séjournent dans une jolie cabane en bois dans la forêt. Quatre inconnus armés (Dave Bautista, Nikki Amuka-Bird, Rupert Grint et Abby Quinn) envahissent la maison. Ils disent avoir été appelés pour confronter la petite famille à un choix : sacrifier l’un des leurs pour sauver l’Humanité de l’Apocalypse. À chaque refus, un cataclysme frappera la Terre… Shyamalan déroule ce postulat en un huis clos auquel il ne déroge que lors de quelques fugaces – et assez inégaux – flash-backs. Presque insidieusement, KNOCK AT THE CABIN confronte le spectateur à une question indirecte : où réside le plus important, ici ? Dans la notion de sacrifice – pour qui et en quelles circonstances accepte-t-on de privilégier l’autre à soi ? Dans la notion éventuelle de fin du monde, et laquelle : celle infligée par une divinité quelconque ou par la main de l’Homme ? Dans les deux ? Tout ce débat fait l’intérêt de KNOCK AT THE CABIN qui, d’une situation purement fictionnelle, construit une métaphore ultra contemporaine sur le dérèglement climatique, l’émergence des pandémies, la peur galopante de l’autre, etc. À travers l’idée du regard que posera chaque spectateur sur ces personnages et la croyance qu’il aura en les uns ou les autres, KNOCK AT THE CABIN transforme son public en acteur, le confronte au dilemme du film et l’interroge : pourquoi l’idée de fin du monde apparaît-elle toujours aussi surréelle et improbable ? Film-démonstration, KNOCK AT THE CABIN danse forcément sur un fil instable. Extrêmement tendu, notamment grâce au sens du cadre de Shyamalan, à des images puissamment évocatrices et à l’humanité des acteurs – le décidément surprenant Dave Bautista en tête –, il se relâche dans sa conclusion, une fois le raisonnement arrivé à son terme. Une conclusion décevante, moins percutante que les notions véhiculées par le film et que son mécanisme-même, sans doute parce qu’elle apparaît trop logique voire trop simple. Mais n’est-ce pas là aussi le principe intrinsèque de la fable : nous révéler ce qui était déjà sous notre nez ?

De M. Night Shyamalan. Avec Dave Bautista, Jonathan Groff, Ben Aldridge. États-Unis. 1h35. En salles le 1er février

Note : 3/5

 

 

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