Cannes 2023 : LAISSEZ-MOI / Critique

18-05-2023 - 09:00 - Par

Cannes 2023 : LAISSEZ-MOI / Critique

De Maxime Rappaz. ACID.

 

Une femme de dos, la cinquantaine à peine, seule, dans un train qui sillonne le Val des Dix en Suisse. Elle arpente ensuite l’immense barrage de la Grande-Dixence, plus haut barrage-poids du monde, pour arriver dans un hôtel du bout du monde. Claudine est élégante, insaisissable. Au restaurant, elle a ses habitudes. Elle y vient chaque semaine pour trouver un amant, si possible étranger, le temps d’un après-midi. Qui est-elle ? Une femme qui écoute son corps ? Oui, mais pas seulement. Elle est aussi couturière et mère d’un jeune homme en situation de handicap, à la fois physique et cognitif. De ses rencontres d’une journée, elle garde les récits de ces hommes de passage qu’elle transforme en lettres signées du père de son fils, parti depuis longtemps, devenu dans leur imaginaire commun un voyageur invétéré. L’histoire d’une mère courage au sacrifice chevillé au cœur d’un corps qui ne demande qu’à être électrisé. Jusqu’au jour où l’un de ces galants décide de rester un peu plus longtemps. Dans LAISSEZ-MOI, Maxime Rappaz propose un regard tendre sur une sorte de Jeanne Dielman contemporaine. Entre scènes de sexe à l’honnêteté crue et paysages insolites entre lacs et montagnes, il nous entraîne dans le quotidien millimétré et peu fantaisiste de cette femme brisée qui s’interdit de le laisser paraître. Elle n’attendait plus le retour de flammes qui arrive comme une déflagration. Sur et dans cette vaste installation hydroélectrique, Claudine vit cette rencontre comme un électrochoc. Malgré un certain statisme, Maxime Rappaz offre à Jeanne Balibar, tout en raffinement naturel, un rôle aussi iconique que tragique.

De Maxime Rappaz. Avec Jeanne Balibar, Thomas Sarbacher. France. 1h32. Prochainement

 

 

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