Pour le compte d’un homme dont le chien est mort dans un combat truqué par un gang, Hassan enrôle son fils Issam pour kidnapper un type et se faire un peu d’argent. Une maladresse plus tard, les voilà avec un cadavre sur les bras. Se débarrasser du corps va impliquer toutes sortes de dommages collatéraux et des cas de conscience religieux face aux lois de l’Islam. Entre une version dramatique d’une comédie des frères Coen et une vision marocaine d’un crime movie mexicain, LES MEUTES affiche un tempérament fort où les questionnements moraux balancent entre affirmation de sa violence et morale humaniste. Si le titre semble affirmer que les gangsters de Casablanca sont tels des chiens conditionnés pour mordre, Kamal Lazraq leur oppose des victimes prêtes à tout pour survivre – y compris se corrompre jusque dans les interdits de leur foi. C’est aussi une certaine génération que le réalisateur décrit : celle qui s’est sacrifiée pour que les fils aient une meilleure vie et qui, en vieillissant, ont le choix de rentrer dans le rang ou persister dans la voix du mal. Pour Issam, son père est un raté et il ne manque pas de le lui dire. En face, c’est un homme sans solution et sans réponse, dans l’impasse d’un pays impitoyable, que Lazraq filme avec peine et bienveillance. Le regard voilé et embué de Abdellatif Masstouri, acteur non professionnel à l’intensité pénétrante, fait toute la beauté du film.

De Kamal Lazraq. Avec Ayoub Elaid, Abdellatif Masstouri. Maroc / France. 1h30. En salles le 12 juillet 2023