Cannes 2023 : SI SEULEMENT JE POUVAIS HIBERNER / Critique

22-05-2023 - 22:34 - Par

Cannes 2023 : SI SEULEMENT JE POUVAIS HIBERNER / Critique

De Zoljargal Purevdash. Sélection officielle, Un Certain Regard

 

A Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, la ville est comme coupée en deux. Au centre, la grande ville, comme toutes les grandes métropoles modernes du monde, et autour une périphérie qui ne cesse de s’agrandir. Les nouveaux habitants, souvent d’anciens nomades venus chercher du travail, s’empilent dans le « quartier des yourtes » où l’eau courante et le chauffage sont inexistants. Comme Oulan-Bator est la capitale la plus froide du monde, l’hiver, les habitants de ces yourtes de fortune se chauffent comme ils peuvent avec du charbon, voire des pneus. De fait, Oulan-Bator est l’une des villes les plus polluées du monde où le manque d’air sain oppose les plus et les moins aisés dans un combat fratricide inepte et délétère. C’est dans ce contexte que la cinéaste Zoljargal Purevdash, elle-même, issue de ce quartier des yourtes, place l’histoire Ulzii, sorte d’alter-ego masculin de la réalisatrice adolescente. Aîné d’une famille de quatre enfants, au père absent et à la mère alcoolique et démissionnaire, le jeune homme ne rêve que de s’extraire de sa condition, notamment grâce à un concours de sciences qui pourrait lui permettre d’envisager un futur moins sombre. À travers ce portrait touchant, qui n’est pas sans rappeler le réalisme social britannique porté par Ken Loach, la cinéaste, dont c’est le premier film, ne se contente pas de dresser le constat d’un pays mangé par ses tensions internes et son plafond de verre, en grande partie hérité de son passé soviétique. Elle arrive avec des solutions, une envie de tirer la Mongolie vers le haut, de donner à voir ce qui est caché ou ignoré et de diffuser l’espoir, notamment à travers l’éducation et un sens de l’écoute prononcé. Si les difficultés sont nombreuses pour le jeune Ulzii, obligé de grandir bien trop vite, Zoljargal Purevdash montre bien par son expérience qu’une autre voie est possible et c’est bien ce message qu’elle porte dans chaque idée du film. Au final, en plus d’un petit bijou d’émotions porté par un jeune comédien bouleversant, Battsooj Uurtsaikh, la réalisatrice mongole propose un long métrage résolument politique et humaniste.

De Zoljargal Purevdash. Avec Battsooj Uurtsaikh, Nominjiguur Tsend. Mongolie. 1h38. Prochainement

 

 

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