Cannes 2023 : ACIDE / Critique

22-05-2023 - 23:04 - Par

Cannes 2023 : ACIDE / Critique

De Just Philippot. Sélection officielle, séance de minuit

 

Après le fantastico-social LA NUÉE, Just Philippot tente le film catastrophe écologique et peine à convaincre.

En raison de la pollution, les pluies deviennent mortellement acides en Amérique du Sud. Jusqu’au jour où elles le deviennent aussi en Europe. Un couple divorcé (Guillaume Canet et Laëtitia Dosch) et leur fille (Patience Munchenbach) tentent alors d’y échapper… Avec sa famille désunie confrontée à une catastrophe, ACIDE joue très clairement la carte « emmerichienne » et affiche, au-delà de sa grande compétence technique (les effets sont réussis), quelques moments de bravoure d’une grande efficacité. Ainsi, la première averse acide donne l’occasion à quelques images authentiquement marquantes – des chevaux brûlés, au galop – et à une montée de tension particulièrement nerveuse et tangible puisque fondée sur une véritable anxiété écologique. Le récit assure même quelques surprises ou quelques risques que ne prendrait pas un équivalent hollywoodien. Reste que l’écriture pèche trop visiblement. Car, en cherchant à projeter les personnages et le public dans la même urgence – nourrie par une méconnaissance des événements –, ACIDE en oublie d’établir des règles claires, de construire l’univers qu’il met en scène, se contentant de quelques flashs radios et autres furtifs extraits de journaux télévisés. Si bien que la première scène de panique apparaît totalement artificielle, comme exagérée, et loin du réalisme que recherche le film – l’actualité donne constamment la preuve du déni et des doutes affichés par la population quant aux cataclysmes écologiques. Évoluant au fil des scènes sans base solide, ACIDE se délite alors progressivement, peu aidé par son récit répétitif, par des personnages un poil schématiques et par des thématiques qui, bien qu’intéressantes sur le papier, ne sont jamais vraiment traitées (la lutte des classes). Peu à peu, face aux événements, impossible de ne pas remettre en cause les décisions des protagonistes, mais aussi de froncer les sourcils devant la mise en scène de ces pluies acides et devant l’inconstance de leur caractéristiques (que font-elles fondre au juste ?). Les quelques bons moments de spectacle et le réel effroi écologique suscité par certaines images ne suffisent donc pas, d’autant que le récit peine à trouver un aboutissement réellement satisfaisant.

De Just Philippot. Avec Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach. France. 1h40. En salles le 20 septembre

 

 
 

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