Cannes 2023 : CLUB ZERO / Critique

De Jessica Hausner. Sélection officielle, compétition

 

Sous l’influence d’une prof gourou, une bande d’ados décident de ne plus manger. Une farce sans sel sur l’endoctrinement bourgeois. Plat et idiot.

Tout le monde a l’air de faire la gueule chez Jessica Hausner. Mais surtout le spectateur. Enième spécimen de minimalisme auteur (grand angle, cadre fixe, panoramique lent), CLUB ZERO a des faux airs de plusieurs autres cinéastes. Un look preppy façon Wes Anderson, de l’absurde lent à la Yorgos Lanthimos, des plans fixes accusateurs très Haneke… Mais quid de Jessica Hausner ? C’est un peu ce qu’on se demande tout le long de cette fable – supposément farce – sur l’arrivée d’une gourou de la nutrition (Mia Wasikowska) dans un lycée huppé, qui va endoctriner une bande d’ados. La réalisatrice a beau fabriquer des images, tenir bien ferme son cadre, on comprend très vite que le chic formel de CLUB ZERO masque un grand rien. Vide de scénario en premier lieu (les ados arrêtent de manger, oui… et ?) mais surtout le sentiment d’un vide de propos. Hausner navigue à vue, laissant traîner ici ou là des allusions pour donner un semblant d’ampleur à sa toute petite histoire méchante. Un peu d’ironie sur la quête de bien être à tout prix d’aujourd’hui, un peu de satire bêbête sur l’engagement écolo de la jeunesse et de la bourgeoisie « bien pensante », un peu de métaphore politique sur la radicalisation, tout ça dans un grand bain sans grand remous. Le film, atone, ne provoque rien, pas même le dégoût ou le rire espéré. Juste une forme d’ennui perplexe. Car tout semble avoir été déjà mieux dit ailleurs, que ce soit chez Ruben Östlund (auquel on pense forcément dans une scène de vomi, bien plus forte chez lui) ou même chez Roald Dahl, le grand auteur pour enfants qui, dans « Charlie et la chocolaterie » liait avec bien plus de monstruosité, de pertinence et de lectures multiples, nourriture et critique sociale.

De Jessica Hausner. Avec Mia Wasikowska, Elsa Zylberstein, Sidse Babett Knudsen. Autriche. 1h50. Prochainement