Cannes 2023 : KUBI / Critique

24-05-2023 - 09:02 - Par

Cannes 2023 : KUBI / Critique

De Takeshi Kitano. Sélection officielle, Cannes première

 

On attendait le retour de Takeshi Kitano avec impatience. C’est raté.

« La prochaine fois, je viendrai avec un meilleur film », a lancé Takeshi Kitano à la fin de la projection officielle cannoise de KUBI. Derrière le trait d’esprit sarcastique, un fond de vérité. Car avec cette fresque historique, l’acteur cinéaste rame. Dans le Japon féodal, un seigneur promet à ses vassaux samouraïs d’offrir sa succession à quiconque fournira le plus d’efforts pour lui ramener un rebelle qui conteste son pouvoir autocratique. Peu à peu, des alliances se mettent en place et avec elles toutes sortes de complots et de trahisons… Ici, le principal problème de Kitano réside dans l’abondance de personnages et il le sait : à chaque première apparition de l’un d’eux, il en inscrit le nom à l’écran. Si le spectateur se fait peu à peu à cette galerie pléthorique, l’intrigue, elle, peine à s’imposer, butant sur de multiples détours et autres circonvolutions qui diluent peu à peu les enjeux et toute possibilité de jouir pleinement du jeu de massacre mis en place par Kitano. KUBI n’a en effet rien d’une fresque typique et, outre ses intrigues de palais et complots meurtriers, on y croise ainsi des batailles épiques, de la violence ultra-sanglante (les décapitations et empalements sont légion, dans toute leur grandeur graphique), une bonne dose d’outrance (le grand seigneur Nobunaga, véritable figure clownesque) et un humour potache constant (jusqu’au tout dernier plan, peut-être le plus drôle et réjouissant). Parcouru de très bonnes idées et d’un regard surprenant, à la fois tendre et triste, sur l’homosexualité de certains de ces hommes, KUBI ne parvient pourtant jamais à imposer ses qualités et surmonter ses faiblesses narratives, laissant le spectateur à quai, loin, très loin, des plus hauts faits d’armes de cet immense cinéaste qu’a été Kitano.

De Takeshi Kitano. Avec Takeshi Kitano, Tadanobu Asano, Hidetoshi Nishijima. Japon. 2h15. Prochainement

 

 
 

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