Conter la naissance de Facebook, une tâche inconséquente ? Sauf si l’on fait du film bien plus qu’une success-story lisse et affable. Comme une tragédie shakespearienne, par exemple.
En 2003, Mark Zuckerberg a 19 ans, et entame sa deuxième année à Harvard. Petit génie de l’informatique, pirate anarchiste, et autiste social, il se fait plaquer par sa petite amie. Noyant sa peine dans l’alcool, il crée en une nuit un réseau interne à sa fac visant à comparer le physique de toutes les étudiantes. Succès immédiat, tollé, accusations de machisme et réputation de merde à la clé, Zuckerberg tient pourtant une idée géniale, qui va devenir Facebook. Sauf qu’en créant son empire, le petit génie se fait beaucoup d’ennemis, dont son meilleur ami et co-créateur du réseau social, Eduardo Saverin. Que David Fincher s’empare d’un sujet aussi (f)actuel, peu propice à utiliser son style visuel si léché, en a étonné plus d’un. Pourtant, THE SOCIAL NETWORK s’avère être dans la droite lignée narrative de ses films précédents, prouvant qu’au-delà de ses capacités esthétiques évidentes, le cinéaste reste avant tout un auteur, ici brillamment servi par un scénariste l’ayant compris comme personne.