Cannes 2012 : THE WE AND THE I / Critique

17-05-2012 - 21:27 - Par

De Michel Gondry. Quinzaine des réalisateurs, film d’ouverture.


Synopsis : « C’est la fin de l’année. Les élèves d’un lycée du Bronx grimpent dans le même bus pour un dernier trajet ensemble avant l’été. Le groupe d’adolescents bruyants et exubérants, avec ses bizuteurs, ses victimes, ses amoureux… évolue et se transforme au fur et à mesure que le bus se vide. Les relations deviennent alors plus intimes et nous révèlent les facettes cachées de leur personnalité… »

Tout comme Michel Gondry – qui puise l’influence de son film dans un voyage en bus 80 dans le 15e arrondissement –, vous aurez remarqué que les ados sont d’autant plus crétins qu’ils sont nombreux. Mais lorsqu’ils sont seuls ou à deux, ils peuvent être des mini-adultes attendrissants, faisant preuve d’une maturité qu’on ne leur soupçonnait pas. C’est donc le postulat de THE WE AND THE I : accompagner une foule de jeunes, rentrant chez eux en bus pour entamer les vacances d’été, et étudier leur comportement individuel en fonction de l’importance numérique du groupe, décroissant au fil des arrêts. Le « Nous » face au « Moi ». Un postulat brillant traité d’une manière particulièrement probante. Au début du voyage, on en prendrait bien un pour taper sur l’autre (ces garnements prépubères sont d’une cruauté sans borne les uns envers les autres), puis n’en reste plus qu’une poignée, dévoilant à force de conversations plus intimes une sensibilité à fleur de peau, des peurs, des incompréhensions qui les rendent très touchants. Il aura juste fallu se fader avant une bonne heure d’hystérie collective, à laquelle les adultes répondent sans bien plus d’intelligence. C’est d’autant plus fatigant que visuellement, Michel Gondry (pourtant inventeur intarissable) ne fait pas grand effort pour poétiser la chose. La contrainte de lieu (un bus, c’est restrictif) n’étant pas franchement transcendée. Ses sujets restent la seule force du film, grâce à des personnalités fortes et la jolie aptitude des acteurs en herbe (tous sont issus d’un atelier périscolaire du Bronx) à charrier, dans leur prestation, le poids de l’année scolaire qui vient de s’écouler (rancune, échecs et amours de rigueur) ou de leurs difficultés familiales. Un film bizarrement très réaliste, renouant avec un cinéma dépressif, pour le réalisateur d’ETERNAL SUNSHINE OF A SPOTLESS MIND… Et s’il ne peut s’empêcher d’insuffler des touches ludiques, peu imaginatives voire grotesques, au récit, on aurait volontiers aimé qu’au contraire, il coupât une bonne demi-heure du film. Et qu’il ramassât son histoire, peu canalisée, pour la rendre solide et non anecdotique.

De Michel Gondry. Avec Teresa Lynn, Laidychen Carrasco, Raymond Delgado. USA. 1h45. Prochainement

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