TIGER STRIPES : chronique

12-03-2024 - 18:21 - Par

TIGER STRIPES : chronique

Le premier film très réussi d’une cinéaste malaisienne, passé l’an dernier par la Semaine de la Critique à Cannes.

 

La carrière d’Amanda Nell Eu débute à peine, mais la cinéaste a déjà de la suite dans les idées : ses deux courts (IT’S EASIER TO RAISE CATTLE et VINEGAR BATHS) et son premier long TIGER STRIPES convoquent des légendes et créatures folkloriques malaisiennes. Une manière, pour elle, d’explorer des questions d’identité que, dans TIGER STRIPES, elle met en exergue de conventions sociales et religieuses oppressantes. Zaffan, collégienne turbulente, défie les codes. Lorsque ses premières règles surviennent, elle se retrouve au ban de sa classe. Jugée, méprisée voire attaquée par ses copines, elle cherche un temps à rester connectée au groupe, puis décide au final d’assumer ce qu’elle est. Quitte à opposer au monde sa prétendue monstruosité, dont elle fait son individualité. Il y a eu CARRIE, il y aura désormais Zaffan. C’est dire si le personnage que crée Amanda Nell Eu, qu’incarne avec une conviction désarmante la jeune Zafreen Zairizal, s’impose avec force. Ses émotions convoquées à l’écran s’agrègent en un pamphlet où la rage n’exclut jamais la grâce – la photo, tout en couleurs, se révèle particulièrement évocatrice, tout comme les effets spéciaux et maquillages « à l’ancienne ». TIGER STRIPES se déroule avec maîtrise, à la fois socioréaliste et fantastique sans que jamais l’un ne cannibalise l’autre, et joue habilement avec certains codes du cinéma de genre pour servir son univers et son propos. Ainsi, là où dans les films occidentaux les séances d’exorcisme apparaissent comme une résilience face au Mal, elles ne sont ici rien d’autre que du charlatanisme filmé comme un énième outil d’oppression patriarcale. Si Amanda Nell Eu trébuche sur certains des faux pas traditionnels des premiers films (quelques scènes apparaissent redondantes ou étirées inutilement), ils sont finalement peu de choses face à tout ce qu’elle accomplit.

D’Amanda Nell Eu. Avec Zafreen Zairizal, Deena Ezral, Shaheisy Sam. Malaisie. 1h34. En salles le 13 mars

 

 

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