WARRIOR : chronique

14-09-2011 - 10:47 - Par

Sur fond de tournoi d’arts martiaux mixtes, ou MMA, le réalisateur Gavin O’Connor signe un drame familial intense. Le triumvirat Tom Hardy, Joel Edgerton, Nick Nolte impressionne.

Une famille, c’est un nid de frelons en pétard », écrit Madeleine Chapsal dans « L’Indivision ». À regarder (sur)vivre le clan Conlon dans WARRIOR, on ne sait plus si cette citation relève du simple truisme ou du doux euphémisme. Jugez plutôt : Tommy (Tom Hardy), ancien Marine chahuté par le conflit irakien, pose ses valises à Pittsburgh, Pennsylvanie. Cela fait quatorze ans qu’il n’a plus remis les pieds dans la cité ouvrière. Quatorze ans qu’il a fui avec sa mère, trop lasse de composer avec un mari violent. Quatorze ans qu’il a tourné le dos à son père, Paddy (Nick Nolte), hier alcoolique et autoritaire, aujourd’hui sobre et repentant. Les retrouvailles vite expédiées, Tommy demande à son paternel – qui, jadis, fut aussi son coach de lutte – de l’entraîner en prévision du Sparta. Kezako ? Un tournoi d’arts martiaux mixtes (MMA) richement doté. Sur son chemin, il va croiser son frère, Brendan (Joel Edgerton). Faute d’argent, cet ancien combattant devenu professeur ne peut plus subvenir aux besoins de sa femme et de sa fille. Il n’a alors d’autre choix que de jouer des poings, quitte à devoir affronter son propre sang… À l’instar de nombreux longs-métrages avant lui dont ROCKY, MILLION DOLLAR BABY, THE WRESTLER, FIGHTER ou dans une moindre mesure LE FER ET LA SOIE, WARRIOR habille son récit d’artifices martiaux pour parler au plus grand nombre. La pratique des sports de combat – hissée par l’industrie cinématographique au rang de langue véhiculaire – n’est pas tant ici une fin qu’un moyen. Un moyen de communication sensoriel au service de la tragédie qui nous est contée. Voir deux frères se battre (au sens littéral) pour résoudre leurs différends provoque un sursaut émotionnel, chaque fois renouvelé. Oui, oui et trois fois oui, ce n’est guère original d’un point de vue stylistique et didactique sous l’angle narratif. Mais quel bonheur en termes d’identification aux personnages ! À ce propos, le réalisateur Gavin O’Connor (MIRACLE, LE PRIX DE LA LOYAUTÉ) a eu l’excellente idée d’asseoir son film sur l’absence de figure héroïque. Entre Tom Hardy et Joel Edgerton, notre cœur opère ainsi un mouvement perpétuel de balancier. Le premier, aux abois, crève l’écran, fusille la caméra d’un regard noir et mange le cadre de sa musculature animale. Le second semble parfois sourire aux anges, use de compassion et prend la lumière comme personne. Bercé, à la toute fin de WARRIOR, par la langueur monotone du morceau « About Today » de The National, nous n’avions toujours pas fait notre choix. Et si finalement, avec le recul, c’était à Nick Nolte de recevoir tous les éloges ? Celui-ci qui, en toute logique, devrait rafler une nomination pour l’Oscar du meilleur second rôle, est confondant de sincérité. Un vrai guerrier de l’ombre.

De Gavin O’Connor. Avec Tom Hardy, Joel Edgerton, Nick Nolte. États-Unis. 2h20. Sortie le 14 septembre

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.