JURASSIC WORLD – FALLEN KINGDOM : chronique

05-06-2018 - 21:00 - Par

JURASSIC WORLD - FALLEN KINGDOM : chronique

Juan Antonio Bayona apporte toute sa personnalité à ce nouveau volet pour délivrer un grand spectacle riche thématiquement et émotionnellement.

 

Le premier JURASSIC WORLD, signé Colin Trevorrow, affichait un propos méta plutôt pertinent. Un peu bancal, trop didactique, il manquait de personnalité à la réalisation – qui s’avérait assez raide. Avec sa suite directe, FALLEN KINGDOM, JURASSIC WORLD passe un cap grâce au réalisateur espagnol Juan Antonio Bayona. Son premier geste n’a rien d’anodin : la franchise s’était toujours présentée au format 1.85 (les trois premiers) ou 2.00 (le quatrième), mais Bayona fait le choix du 2.35. Là où Spielberg usait d’un format plus resserré pour permettre une interaction intimiste entre humains et dinosaures qui amplifiait aussi bien l’émerveillement que l’inquiétude, Bayona se sert de l’amplitude du Scope pour opérer un écrasement étouffant. À l’image d’une scène d’une rare puissance picturale et émotionnelle de mort de brachiosaure – le premier dino vu dans JURASSIC PARK et vecteur du ‘Spielberg Look’ –, son FALLEN KINGDOM signe par là la fin de l’émerveillement. Ici, le cynisme de l’Homme tue tout. Si l’écriture de Trevorrow et Derek Connolly bute encore sur l’humour – toutefois mieux équilibré –, sur quelques archétypes ronflants (le personnage de geek) et des clins d’œil inutiles (les talons), ou si elle s’accroche encore trop au patron originel (l’arrivée de Claire chez les Lockwood rappelle celle de Malcolm chez Hammond dans LE MONDE PERDU, tout comme l’opération de sauvetage), elle s’avère plus assurée thématiquement. Totalement ancré dans une réalité et des problématiques contemporaines, FALLEN KINGDOM regarde sans ambages la cruauté de l’humanité à l’égard des animaux – une bonne manière de juger son compas moral et empathique. « Ces créatures n’ont pas besoin de notre protection mais de notre absence » dit Ben Lockwood, incarné par le militant écologiste James Cromwell. Un propos qui trouve parfait relais dans la mise en scène, maîtrisée et inventive, de Juan Antonio Bayona. Qu’il joue remarquable- ment des ombres et lumières pour signifier la mort et dévoiler les dinos dans la superbe première séquence ou qu’il aille délibérément vers un opératisme gothico- horrifique dans le dernier tiers absolument captivant du film, Bayona aligne les images marquantes et construit un spectacle de chaque instant où les personnages parviennent à exister et dont des émotions profondes, parfois déchirantes, émergent. Majestueux et généreux, FALLEN KINGDOM se termine même par un plan si beau et si évocateur qu’il donne une seule envie : que Steven Spielberg lui- même vienne prendre les commandes de JURASSIC WORLD 3.

De Juan Antonio Bayona. Avec Bryce Dallas Howard, Chris Pratt, Rafe Spall. États-Unis. 2h09. Sortie le 6 juin

4Etoiles

 

 

 

 

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