Une romcom destinée aux ados fatigués qu’on les prenne pour des aveugles et des mous du bulbe.
Ce qui frappe d’abord dans WARM BODIES, c’est son générique écrit d’une typographie féminine, manuscrite, romantique, mimant la grâce d’une plume. On se serait donc trompé ? WARM BODIES serait bien l’histoire cul- cul qu’on redoutait ? Un ersatz de TWILIGHT ? Non, c’est un trait d’ironie. Car malgré la cible du film, et son pitch qui prête le flanc aux détracteurs de l’entertainment jeunesse actuel (un mort-vivant tombe amoureux d’une mortelle après que la Terre a connu l’apocalypse zombie), Jonathan Levine a pris soin de faire les choses bien, dans le plus grand respect des ados à qui il s’adresse et de tous les cinéphiles susceptibles de s’intéresser à son boulot. Il a travaillé sa mise en scène, discrète mais impeccable ; sa direction artistique, sophistiquée ; sa direction d’acteurs (mention spéciale à Rob Corddry) ; ses dialogues. Son message – dans des temps égoïstes, il faut ouvrir son cœur car l’amour survit à tout – est simpliste, mais il mérite d’être rabâché tant qu’il est bien amené. Globalement, le film est plus immature que le traitement que Levine lui a offert. Si l’intrigue est dessinée grossièrement, si les retournements de situation sont assez prévisibles, WARM BODIES lui, est mâtiné d’un humour adulte, détourne avec malice les codes du récit à la Roméo et Juliette (les héros s’appellent R et Julie) et réinvente la scène du balcon en mode un peu débile. Et comme toujours chez le réalisateur, transpire à l’écran la grande affection qu’il porte à ses personnages. Avec un esprit rock et indé, il utilise la musique comme un vecteur d’émotion, notamment pour faire dialoguer Julie et R, la parole cadenassée par son état végétatif – la partition de Nicholas Hoult est compliquée. Ou de manière plus superficielle mais non moins cinématographique, il l’exploite comme un outil de glamorisation, iconisant Nicholas Hoult avec du M83 à fond les ballons. Enfin, il peut aussi railler les clichés du film de gonzesses avec un simple air de « Pretty Woman ». En somme, Levine s’amuse. Son enthousiasme est contagieux, et WARM BODIES, film court et compact, d’avoir un capital sympathie explosant le plafond. Et de revendiquer son statut de petit agitateur du filon jeunesse, genre souvent inconscient de sa médiocrité. Il faut un drôle de talent pour nager à contre-courant.
De Jonathan Levine. Avec Nicholas Hoult, Teresa Palmer, John Malkovich. États-Unis. 1h37. Sortie le 20 mars
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