Cannes 2012 : HOLY MOTORS / Critique

23-05-2012 - 14:10 - Par

De Leos Carax. Sélection officielle, en compétition.


Synopsis : De l’aube à la nuit, quelques heures dans l’existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille… M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier – mais où sont les caméras ? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l’immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l’action. Des femmes et des fantômes de sa vie. Mais où est sa maison, sa famille, son repos ?

Disons-le tout net, nous et HOLY MOTORS, nous avons divorcé au bout d’un quart d’heure. Une fois que nous avons apprivoisé le mystérieux personnage campé par Denis Lavant (impeccable, comme souvent), jouant (merci de suivre) un acteur qui joue comme on va à la mine, mais qui, mu par une indécrottable passion, revêt les oripeaux de tout un tas de personnages radicalement différents avec conviction. Et ce, qu’il doive camper un vieillard mourant, un assassin, un gnome des égouts qui bande pour une mannequin ou un père de famille, strict jusqu’au grotesque. Une poignée de tableaux pour un portrait d’une société contemporaine qui veut être omnisciente, et se dirige lentement vers le tout digital, reniant la beauté et la lourde artillerie de la prise de vue. Enfin, c’est grosso modo ce qu’on a compris. D’aucuns diraient que le film est trop riche pour être résumé. La frontière est fine entre complexe et abscons, pamphlet et monologue, réflexion et masturbation. Incontestable, l’ambition de Leos Carax de faire une vraie proposition de 7e art, de créer un univers radical dans lequel on est libre de voyager. Mais sous couvert d’exigence, le réalisateur peut aussi laisser une partie de public à la porte, échaudé par une accumulation de séquences trop longues qui serait comme la longue bande démo de Lavant, comédien multicarte. Il n’y a aucun problème à théoriser le cinéma (c’est même d’autant plus intéressant lorsque c’est possible). Encore faut-il que des clés soient données, sous peine qu’on trouve le film terriblement hermétique et égoïste. Subsistent l’apparition divine de Kylie Minogue, celle non moins salvatrice d’un orchestre d’accordéons à l’entracte (oui dans HOLY MOTORS, il y a un entracte) et la sublime partition de Gérard Manset pour clore le film. Trois moments de grâce qui ne suffisent en aucun cas à soulever notre enthousiasme. Ni à opiner devant son statut de parangon du cinéma total.

De Leos Carax. Avec Kylie Minogue, Denis Lavant, Eva Mendes. France. 1h50. Sortie le 4 juillet

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