Cannes 2012 : 11.25 THE DAY MISHIMA CHOSE HIS OWN FATE / Critique

25-05-2012 - 16:32 - Par

De Koji Wakamatsu. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Synopsis : Le 25 novembre 1970, l’écrivain japonais Yukio Mishima livre à son éditeur un dernier manuscrit puis se rend au Ministère de l’Armée à Tokyo. Là, il se lance dans un discours défendant les valeurs nippones traditionnelles et prend en otage le général en chef des forces japonaises. Devant le peu de réponse positive qu’il obtient des soldats de l’école militaire présents, il décide se suicider par hara-kiri.

Koji Wakamatsu, cinéaste japonais hyperactif depuis les années 60, est un enragé, un engagé, de ceux faisant infuser la politique, le sexe et la violence dans chacun de ses films. Auteurs de classiques passés tels que LES ANGES VIOLES ou NEIGE NOIRE, il a récemment marqué les esprits avec UNITED RED ARMY (2008), brûlot consacré aux étudiants communistes ayant tenté – en vain – de faire vaciller le pouvoir japonais en place pour transformer le pays en profondeur. Il nous revient avec 11.25 THE DAY MISHIMA CHOSE HIS OWN FATE, qui donne cette fois la parole à d’autres opposants au pouvoir japonais d’après-guerre. Des révoltés situés de l’autre côté du spectre politique, puisque défendant un traditionalisme forcené, un nationalisme passionné et un soutien sans faille à l’Empereur et aux valeurs qu’il charrie. Parmi eux, l’écrivain Yukio Mishima qui, après des années de combat politique à la tête d’une milice étudiante – la Société du Bouclier –, finira par prendre en otage le commandant des Forces d’Autodéfense (puisque le Japon n’avait plus le droit à disposer d’une armée depuis la Seconde Guerre mondiale) pour tenter de renverser le régime. Un échec, qui le poussa à se suicider par seppuku. Le sujet de 11.25 s’avère donc passionnant sur le papier et l’on avait hâte de découvrir l’envers politique quasi parfait de UNITED RED ARMY. Malheureusement, ce nouvel essai est un coup d’épée dans l’eau. Trop long, trop dilué dans des discussions théoriques confuses et/ou répétitives, 11.25 ne parvient jamais à passionner, en dépit d’un certain lyrisme dû au personnage même de Mishima. A ce titre, on aurait presque aimé que le film ne s’intéresse pas à l’écrivain uniquement via le prisme de son engagement politique, tant l’artiste draine une image mystérieuse – marié, il était également connu pour ses relations homosexuelles. Si certains non-dits et la relation ambiguë que Mishima entretient avec ses alliés étudiants s’avèrent intéressants par instants, rien qui ne hisse vraiment le film. On se contente donc d’un long déroulé narratif bancal, à l’esthétisme sage – le numérique n’aide pas –, dont le propos, contrairement à UNITED RED ARMY, ne franchit guère les barrières culturelles.

De Koji Wakamatsu. Avec Arata Iura, Shinobu Terajima, Hideo Nakaizumi. Japon. 2h

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