Cannes 2014 : RELATOS SALVAJES / Critique

17-05-2014 - 23:20 - Par

De Damián Szifron. Sélection officielle, en compétition.

Synopsis officiel : Vulnérables face à une réalité trouble et imprévisible, les personnages de RELATOS SALVAJES traversent la frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amoureuse, le retour du passé, une tragédie ou même la violence d’un détail du quotidien sont les détonateurs qui poussent ces personnages vers le vertige que procure la sensation de perdre les étriers, vers l’indéniable plaisir de perdre le contrôle.

RELATOS SALVAJES commence comme une bombe. En quelques minutes, dans un sketch déroutant et hilarant, Damián Szifron esquisse une petite histoire grotesque et méchante qui fait des merveilles. Hélas, le réalisateur donne tout en quelques minutes et après ce sympathique mais frugal apéritif, nous laissera sur notre faim. Inspiré par le film à sketch façon LES MONSTRES de Dino Risi, Szifron juxtapose cinq petits récits, tous reliés par un même sens de l’outrance et du « pétage de plomb ». Si dans le prologue aérien, la surprise est de taille, les sketch suivant sont au contraire nettement plus banals. Bien souvent, les récits se contentent de leur petite méchanceté, de l’aigreur qui vire à la vulgarité, que Szifron doit considérer comme de l’irrévérence. Le film se voudrait anar’, il est au contraire dans l’air du temps, limite réactionnaire parfois dans sa manière de brandir le « Tous Pourris » comme philosophie. Le réalisateur cherche ainsi trop la connivence du spectateur en prenant des situations très quotidiennes : les incivilités au volant, la lenteur de l’administration, les tromperies du couple etc… Tout ça dans le but de créer un malaise quand le délire survient. Mais l’outrance sent ici un peu le renfermé tant elle finit par tourner en rond. La grimace prend le pas sur la comédie et la légèreté almodovarienne du premier sketch s’évapore dans la lourdeur militante façon Alex de la Iglésia. Oui, »l’Homme est un loup pour l’Homme » et alors ? C’est tout le souci de cet assemblage de récit qui, in fine, ne raconte rien. Dommage car quand le film se tait, il développe une forme de burlesque ultra violent et anxiogène plutôt amusant. Mais Szifron semble trop satisfait de ses petits tours de passe-passe scénaristiques pour laisser le film se libérer de son carcan thématique. Devant ces petites histoires sans saveur, on conseillera volontiers au petit malin Szifron de découvrir la nouvelle et merveilleuse série anglaise INSIDE N°9 qui sur le même concept est bien plus ambitieuse et aboutie. On nous avait vendu un feu d’artifice, on aura eu tout au mieux un pétard (de poule) mouillé.

De Damián Szifron. Avec Ricardo Darín, Oscar Martínez, Leonardo Sbaraglia, Érica Rivas, Rita Cortese. Argentine / Espagne. 1h54. Prochainement.

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