Cannes 2014 : PRIDE / Critique

23-05-2014 - 19:22 - Par

De Matthew Warchus. Quinzaine des réalisateurs


Synopsis officiel : Eté 1984 – Margaret Thatcher est au pouvoir et les mineurs sont en grève. Lors de la Gay Pride à Londres, un groupe d’activistes gay et lesbien décide de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des mineurs en grève. Mais l’Union Nationale des Mineurs semble embarrassée de recevoir leur aide. Le groupe d’activistes ne se décourage pas. Ils décident d’aller à la rencontre des mineurs et partent en minibus au fin fond du Pays de Galle faire leur don en personne. Ainsi débute l’histoire extraordinaire de deux communautés qui s’ignoraient et qui s’unissent pour défendre la même cause.

Tout débute par un air festif et syndicaliste, joué au banjo, qui répète « Solidarity for ever ». C’est à l’image du film, qui malgré ses atours socioréalistes purs et durs, est en fait un crowdpleaser. PRIDE est donc un film qui vise à mettre le public en joie – beaucoup d’humour et une bande son revival des 80’s à s’en taper les cuisses (genre Bronski Beat) – avec des thèmes qui prêtent moyennement à rire. Comme l’anéantissement de la classe prolétaire par le thatcherisme, ou l’homophobie rendue encore plus prégnante avec l’arrivée du Sida. Une ambiance délétère qui rapproche forcément ceux qui en souffrent. Le choc des cultures citadins/ouvriers ou encore gays/travailleurs manuels et vachement virils a beau être un ressort narratif vieux comme le cinéma, ça fonctionne d’autant mieux lorsqu’il est mis en scène avec une certaine générosité. Ainsi Matthew Warchus, éminence du théâtre britannique et des musicals, y va d’une grande exubérance : les personnages ont le verbe haut, les homophobes ont l’injure mesquine, le trait est parfois un peu forcé, mais se dégage du film une familiarité rassurante. On est sur le terrain connu du cinoche de gauche, militant, prônant la solidarité face au grand méchant gouvernement libéral. Le film cristallise une époque, où l’entraide – gratuite – a pu sauver les meubles d’un déclin social. Comme une pièce de théâtre off-broadway – où l’on parlerait d’outsiders comme de héros résistants et libres –, PRIDE fait valser les personnages avec une écriture sophistiquée qui leur offre à chacun un caractère bien distinct. Cinéma populaire et commercial (c’en est) oblige, il faut que tout le monde s’y reconnaisse : il y a donc le mineur homophobe et agressif, le mineur homophobe mais sympa au fond, le mineur complètement gay friendly (Paddy Considine, toujours émouvant), et le mineur gay ; il y a aussi le gay trop con qui aime pas trop les mineurs qui n’aiment pas les gays, le gay qui n’a jamais dit à ses parents qu’il était gay (excellent George MacKay), mais globalement le film se concentre sur toute une communauté homosexuelle qui, révoltée par l’oppression qu’elle connaît trop bien, décide spontanément d’aider ceux que la droite capitaliste écrase en espérant qu’un jour, peut-être, on fera preuve d’autant d’empathie à son égard. De ce fait méconnu de l’époque sidérante « Angleterre 1980’s », Warchus (et son scénariste Stephen Beresford dont il faut saluer la plume) tire une cartographie de la solidarité en temps de crise profonde et, sans nier la dimension très noire de son tableau, offre un film positif et galvanisant.

De Matthew Marchus. Avec Bill Nighy, Paddy Considine, George MacKay. Grande-Bretagne. 1h59. Prochainement

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