SAUSAGE PARTY : chronique

30-11-2016 - 11:37 - Par

SAUSAGE PARTY : chronique

Les aliments découvrent leur mortalité : vous ne verrez plus les grains de maïs dans le caca de la même manière.

sausage-poster« Shit! »: voilà le premier mot prononcé à l’écran, avant même que le récit de SAUSAGE PARTY ne débute ou que l’on apprenne quoi que ce soit sur les personnages et les enjeux du film. Une manière pour Seth Rogen d’affirmer que son nouveau bébé –il est ici acteur vocal principal, coscénariste et coproducteur – n’a pas grand-chose à voir avec les triomphes mainstream de DreamWorks ou Pixar, dont SAUSAGE PARTY est une relecture parodique censurée R. Dans un supermarché américain, les aliments croient, une fois achetés, accéder à l’illumination et au Paradis. Jusqu’à ce qu’un pot de moutarde retourné par un consommateur leur dévoile la vérité : être acheté, c’est mourir. Dans d’atroces souffrances. Frank, saucisse à hot- dog, décide d’enquêter pour démêler le vrai du faux, quitte à se brouiller avec sa copine Brenda. La quête de sa place dans le monde et les coulisses, au-delà des apparences, d’un monde quotidien: SAUSAGE PARTY a tout du cousin baisé de TOY STORY. Il pourrait même en être une sorte de métastase dérangeante, qui déforme et étire chacune de ses idées, puis les pousse dans leurs derniers retranchements. Seth Rogen et son comparse Evan Goldberg ont maintes fois prouvé leur amour d’un humour gras et sans limites, catharsis idéale de véritables névroses intimes, comme dans le génial et méta C’EST LA FIN. SAUSAGE PARTY semble en être l’apogée triomphale et triomphante : ici, aucun thème n’est tabou et aucun tabou ne résiste à leur regard, à leurs folles idées. Par la voie très efficace d’un décor-monde dont on ne sort qu’en de rares occasions et une suite d’idées dignes de John Lasseter, Rogen et Goldberg font le portrait de notre propre univers et abordent, de manière frondeuse, un spectre assez ahurissant de sujets – du consumérisme au conflit israélo-palestinien, en passant par le poids écrasant de la religion ou les frontières réductrices des prétendues normes sexuelles. Une richesse qui, bien qu’il carbure au mauvais goût, au trop-plein de vannes, à la vulgarité et à un élan de sale gosse, permet à SAUSAGE PARTY d’être bien plus qu’une pochade. En un sens, le film se positionne dans la lignée des derniers faits de gloire de l’animation pour adultes que sont FRITZ LE CHAT ou TARZOON, LA HONTE DE LA JUNGLE, tout en s’affirmant profondément moderne et contemporain. Conservant la personnalité des productions Rogen / Goldberg, SAUSAGE PARTY ne ressemble finalement à rien d’autre qu’à lui-même, jusque dans sa conclusion, presque trop folle pour être croyable. De combien de films actuels peut-on dire qu’ils sont du jamais-vu ? SAUSAGE PARTY a cet insigne honneur.

De Conrad Vernon & Greg Tiernan. Avec les voix originales de Seth Rogen, Kristen Wiig. États-Unis. 1h29. Sortie le 30 novembre

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