HITMAN & BODYGUARD : chronique

21-08-2017 - 14:51 - Par

HITMAN & BODYGUARD : chronique

Malgré l’embarrassant EXPENDABLES 3, on veut encore croire au talent de Patrick Hugues. Mais HITMAN & BODYGUARD n’aide pas à défendre sa cause.

Depuis plusieurs mois, HITMAN & BODYGUARD a su tirer son épingle du jeu au moyen d’une habile campagne promotionnelle : que ce soit avec son affiche teaser imitant le poster de BODYGUARD ou avec sa première bande-annonce entièrement montée sur le tube phare de Whitney Houston. Une analogie avec le célèbre thriller romantique des années 90 aussi inattendue que drôle qui aura permis à HITMAN & BODYGUARD de signifier son existence au milieu d’une cohorte de blockbusters estivaux. Et tant pis si cette association parodique demeure totalement indépendante du film en lui-même. Inutile donc d’essayer de repérer la plus petite référence cinéphile, d’espérer le moindre caméo de Kevin Costner ou entendre chantonner « I Will Always Love You » en fin de générique. Il n’y en a pas la moindre trace dans ces mésaventures d’un garde du corps en disgrâce (Ryan Reynolds), contraint d’assurer la protection d’un tueur à gages (Samuel L. Jackson), témoin capital dans le procès pour crimes de guerre d’un ancien dictateur de l’est (Gary Oldman), qui cherche à le faire taire.

Qu’il ne s’agisse pas d’un pastiche importe moins que ce triste constat : le buddy movie de Patrick Hugues (EXPENDABLES 3) n’est pas à la hauteur des (modestes mais sincères) espoirs qu’il a suscités. Une fois passé un postulat prometteur, HITMAN & BODYGUARD emprunte rapidement le tracé balisé des séries B d’action labélisées Millenniums Films. De celles dont la facture passable suscite au mieux un amusement discret, au pire une indigestion polie. La raison principale tient au duo vedette, manquant d’alchimie. Une faiblesse regrettable alors qu’HITMAN & BODYGUARD officie dans un genre qui tient justement sur une complicité entre ses personnages. Capitalisant sur le succès de DEADPOOL, Ryan Reynolds se contente ici d’évoluer dans sa zone de confort, tandis que Samuel L. Jackson ne semble concerné que lorsqu’il interagit avec Salma Hayek. En épouse irascible, sanguine et grande gueule, l’actrice embrasse un second degré bienvenu qui lui permet de prendre aisément l’ascendant sur ses partenaires. Surtout à côté d’une Elodie Yung transparente et d’un Gary Oldman (tout deux pas aidés par une caractérisation sommaire) dont le réalisateur peine à masquer le désintéressement.

Oldman ne semble pas être le seul à se désintéresser du film. Patrick Hughes aussi, si l’on en juge par la confection brouillonne de la plupart des scènes d’action, rendues parfois inintelligibles par un montage très approximatif et une mise en scène pachydermique. Seules une course-poursuite fluviale et la baston qui s’ensuit font exceptions – sans pour autant se démarquer de la concurrence directe. Car en comparaison d’ATOMIC BLONDE et de son (faux) plan séquence d’une dizaine de minutes, celui orchestré dans HITMAN & BODYGUARD donne le sentiment d’évoluer dans une catégorie inférieure. La carrière de Patrick Hugues ne se remet pas de la débâcle, artistique et commerciale, d’EXPENDABLES 3. Après des débuts excellents avec RED HILL, il est désormais réduit à jouer les exécutants dociles et impersonnels. C’est le côté le plus fâcheux de cette production qui n’a même pas gagné le titre de plaisir coupable estival.

De Patrick Hugues. Avec Ryan Reynolds, Samuel L. Jackson, Elodie Yung, Salma Hayek. États-Unis. 1h58. Sortie le 23 août.

2Etoiles

 

 

 

 

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