LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS : chronique

13-12-2017 - 09:57 - Par

LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS : chronique

Nouveau come-back de Poirot pour une adaptation 100% classique mais élégante du livre d’Agatha Christie. Efficace mais pas indispensable.

Le problème avec les livres policiers, c’est qu’on a rarement envie de les relire. Il faut croire que la Fox et Kenneth Branagh pensent le contraire. Exhumant le classique des classiques d’Agatha Christie, le réalisateur de THOR ose donc une nouvelle adaptation du fameux « Crime de l’Orient-Express ». Vintage ? Clairement. Voire carrément passéiste. Mais c’est tout le charme des atmosphères de crimes anglais. Un petit côté cup of tea à la mort aux rats où les sourires guindés cachent les pires horreurs. La reine Christie en a fait le cœur de ses sagas policières, inépuisables sources d’adaptation pour le théâtre, le cinéma et la télévision depuis des années. Mais qu’est-ce que la moustache de Poirot et son sens imparable de la déduction ont à dire de notre époque ? Rien si ce n’est au contraire d’aller à l’encontre des standards poisseux et crado du polar contemporain. Il y a chez Agatha Christie une rigueur du texte, une façon de disséquer l’âme humaine au détour d’une conversation badine qui tient de la grandeur universelle et classique de la littérature. Pas étonnant donc que le plus shakespearien des réalisateurs, celui qui manie aussi bien « Hamlet » que le conte de « Cendrillon », s’intéresse au petit monde d’Agatha. Si vous n’avez jamais lu « Le Crime de l’Orient-Express », la transposition de Branagh est peut-être le meilleur moyen de comprendre l’importance de l’œuvre d’Agatha Christie. Assumant la dimension iconoclaste et burlesque d’Hercule Poirot (Branagh himself dans un joyeux numéro de cabotin que seul un acteur de sa trempe peut tenir), le réalisateur restitue toute la noirceur et la dimension critique de cette histoire de voyageurs suspects d’un crime macabre. Metteur en scène virtuose, il fait de ce wagon immobilisé par la neige une véritable scène de théâtre, orchestrant les entrées et les sorties, les coups de théâtre et les morceaux de bravoure à un rythme effréné. Branagh a le sens du détail et du casting. Tout ici respire l’intelligence et la maîtrise de la reconstitution historique et psychologique pour aboutir à une révélation finale qui devrait vous surprendre. Mais si vous connaissez déjà les secrets morbides de ce CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS, que reste-il véritablement à voir ? Un film d’acteurs, un vrai. En bon chef de troupe, Branagh s’assure que chacun est à la bonne place et mis en valeur. Johnny Depp joue les salauds superbes, Michelle Pfeiffer les intrigantes, Daisy Ridley les jeunes premières, Judi Dench les vieilles dames indignes etc. Chacun fait son numéro avec plus ou moins de réussite et Branagh tient le choc de la relecture en accentuant les effets dramatiques. Un classicisme certes malin mais sans véritable prise de risque.

De Kenneth Branagh. Avec Kenneth Branagh, Daisy Ridley, Michelle Pfeiffer. États-Unis. 1h54. Sortie le 13 décembre

3Etoiles5

 

 

 

 

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